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duquel est un émotteux dont les fils de fer plus distants laissent passer le grain & retiennent les pierres & les petites mottes de terre qui pourroient s’y trouver : enfin, le grain tombe pur & net dans la trémie des meules.

Cette première opération du nettoyage des grains, est, comme l’on voit, indépendante de la mouture économique, & ne regarde que la préparation du blé avant d’être moulu ; préparation qui peut se faire naturellement & à peu de frais, en disposant la partie supérieure d’un moulin à eau de la manière qu’on vient de décrire ; mais dans le cas où cet arrangement ne seroit pas possible, il faut apporter au moulin les blés bien nets & purgés de toute mauvaise graine ; sans cela, il ne faut espérer ni belle farine ni bon pain.

La seconde opération consiste dans le moulage du grain, sans échauffer la farine. Les meules entre lesquelles le blé est introduit, sont piquées en rayons réguliers, Pl. XIX, part. 3. fig. II. Comme les meules sont bien montées, elles vont toujours en allégeant. La piquure plus fine que celle des meules ordinaires, fabrique mieux la farine, sans couper le grain ni hacher les sons. À quelques pouces de l’annille, le blé commence à être concassé ; au milieu de l’entrepied, ce sont les gruaux, & la feuillure affleure la farine & écure les sons. Comme on doit remoudre les différents grains, l’on n’est point forcé de rapprocher ni de serrer les meules, ainsi que dans les méthodes ordinaires, où l’on veut tirer tout le produit par une seule mouture. Ici au contraire le premier moulage est fort gai, la farine qui en sort n’est point échauffée & conserve toute sa qualité.

Par la troisième opération, on tamise la satine & l’on sépare les gruaux en même temps que l’on moud, ce qui se fait d’après les principes donnés dans le chapitre précédent, pour accorder le blutage avec le moulage, afin que le bluteau ne débite ni plus ni moins que les meules. La farine entière, c’est-à-dire, mêlée avec les gruaux, les recoupes & les sons, tombe au sortir des meules par la hanche i, Pl. XVII, dans le premier bluteau Z, placé dans la partie supérieure de la huche : le bluteau reçoit son mouvement de la batte S, qui, en frappant sur les bras de la croisée, placée sur la lanterne T, fait agir le babillard V, & par conséquent la baguette X, attachée au bluteau Z. La farine qui passe par ce bluteau, tombe en & ; elle est d’une grande finesse & a toute sa perfection ; on la nomme farine de blé, parce qu’elle est produite dans la mouture sur blé, ce qui la distingue des farines de gruau : elle va à-peu-près à la moitié du produit.

Le reste du grain moulu qui est le son gras, sort par le bout inférieur du premier bluteau, & va par un conduit c, dans un second bluteau frappant, nommé dodinage, qui est plus gros & plus lâche que le précédent. Il est ordinairement composé de trois différentes grosseurs d’étamines & de cannevas qui divisent sa longueur en trois parties égales. On verra tous ces développemens du dodinage, dans les Planches du grand ouvrage de M. Beguillet, & dans l’explication dont elles sont accompagnées.

Dans le modèle du moulin de Senlis, il n’y a point de dodinage dans la partie inférieure de la huche ; à sa place est une bluterie à cylindre b,