Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/720

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pèce de marbre comme celui des meules qu’il tire des environs de Namur, ne balanceroit pas à faire tailler les laves dures qui sont à cent toises du Rhône, vis-à-vis Montélimard. Celui qui craindra cette dépense, trouvera entre Viviers & le village de Theil, au bord du Rhône, dans la carrière nommée le Détroit, une pierre calcaire, dure, qui offre de très-grands bancs, & qui est susceptible du poli ; il trouvera encore à Chaumeyrac en Vivarais, & qui n’est pas éloignée du Rhône, une bonne carrière de marbre gris, & d’une grande dureté ; enfin, une autre carrière près du Poussin. On voit donc que ces carrières suffiroient bien au-delà pour la fourniture des moulins à huile, depuis Rochemore, Aramont, jusqu’à Nismes, & le transport n’en seroit pas bien coûteux. Les moulins, depuis Nismes jusqu’à Beziers & au-delà, seront approvisionnés par les meules du Poussan, entre Agde & Montpellier ; par celles de Saint-Julien, près de Carcassonne, qui seront transportées par le canal. On donne la préférence pour le blé à celles de Saint-Julien, & je préférerois à toutes deux, pour ettriter les olives, les meules qu’on feroit avec les laves d’Agde ; le transport en seroit facile & peu coûteux. Les pierres noires de Nebian, près de Pezenas, sont déjà employées pour l’ettritage ; elles sont bonnes, très-dures, il ne s’agit plus que de leur donner un plus grand volume. Ne pourroit-on pas encore, dans les couches de marbre gris, veiné de blanc, qu’on voit près de la ville de Cette, & au bord de la mer, tailler commodément des meules ? ceci mérite d’être examiné. Combien d’autres endroits n’y a-t-il pas à citer dans cette partie basse du Languedoc ? mais c’est à chaque particulier à étudier la nature des carrières qui sont dans son voisinage, afin d’éviter la dépense. Il suffit de bien voir, & surtout de vouloir efficacement.

La Provence n’est pas moins abondamment pourvue de carrières. Les environs de Draguignan fournissent aujourd’hui des meules taillées dans la grandeur de cinq pieds, sur huit à dix pouces de largeur. Ces bancs de pierres calcaires sont susceptibles de fournir des meules dans les proportions que je demande… On en trouveroit du même grain & de même nature à Cassis… La pierre calcaire de la petite montagne du fort de la Malque, qui couvre Toulon, offre les mêmes ressources… Dans les environs de cette ville, on a découvert un marbre (bardille bleu) aussi dur que le marbre ou pierre de Namur, dont les Hollandois se servent si avantageusement pour leurs moulins. Les blocs de ce marbre sont d’un volume prodigieux, & les meules qu’on en tailleroit seroient transportées sans peine par terre & par mer. Le marbre de Sainte-Baume seroit trop dispendieux pour le transport… Le territoire de Roquevaire fournit des meules dont on se sert à Marseille ; mais les meilleures, sans contredit, sont celles que l’on tire des vaux d’Ollioules à Cagolin & à Evenos ; ces vaux sont remplis de laves & de pierres volcaniques. La chaîne de montagnes de Toulon en fourniroit de semblables. On regarde en Provence les meules tirées des laves, comme les meilleures & les plus propres à écraser l’olive, & j’y en ai vu plusieurs de cette nature. Les bonnes meules d’Ollioules, de cinq pieds &