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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/722

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ajoutent encore le plus d’ouvertures qu’ils peuvent, afin d’augmenter le bénéfice qu’ils retirent par une nouvelle mouture des marcs, soit en les faisant bouillir dans des chaudières, soit en les passant au moulin de recense (Voyez la gravure & la description de ce moulin, à l’article Huile.)

Le moulin n’est autre chose qu’une masse de maçonnerie A (figure 1, planche XXII). Suivant les pays elle varie beaucoup sur la hauteur, qui est communément de vingt-quatre à trente pouces. Je crois que la meilleure est celle qui, combinée avec la hauteur de la meule B, rendroit presque de niveau la barre C au poitrail du cheval, comme on la voit représentée dans la figure 2 ; parce que, dans cette position, l’animal a plus de force & fatigue moins. Il est bien démontré que le cheval ne tire que par son poids, ou par sa pesanteur, & l’effort de ses muscles ne sert qu’à porter successivement son centre de gravité en avant, ou à reproduire continuellement le renouvellement de cette action de sa pesanteur. Si les cordes ou leviers attachés à la barre C sont trop basses, le cheval, en tournant, a beaucoup plus de peine, & supporte en partie le poids de la meule : cette pesanteur est cependant nécessaire pour écraser les graines, étritter les olives, &c. Si, au contraire, elles sont trop hautes, le cheval est soulevé par-devant, & ses pieds ne trouvent pas contre terre un bon appui pour pousser son corps en avant. Il y a donc un point qu’on doit saisir, & auquel on ne pense guères, puisque les mêmes traits, sans les alonger ou les raccourcir, servent à des chevaux qui varient beaucoup pour la taille. Exiger ces précautions de l’ouvrier, ce seroit trop lui demander ; il n’y regarde pas de si près.

La maçonnerie A, figure 1, dont le diamètre est de six à huit pieds, est recouverte de dales polies, qui inclinent de E en F. Dans certains endroits on supplée les dales par des planches de chêne fortement assujetties, & leur inclinaison est de six à dix pouces, La meilleure est celle qui offre le moins de résistance à l’homme qui, avec la pèle, repousse en G le marc que la meule en tournant fait refluer sur le plan incliné. La partie G est celle sur laquelle la meule en tournant, presse, brise, triture les graines, les fruits charnus & leurs noyaux. On doit préférer les dales aux plateaux en bois. L’humidité, la chaleur, la sécheresse fait travailler ceux-ci, ils se déjettent, se désunissent & s’usent ; enfin, l’huile les pénétre, rancit dans les pores du bois, & communique sa rancidité aux fruits qu’on y moud. Consultez le mot Huile.

Le seule inspection de la gravure explique le mécanisme bien simple de ce moulin. Le cheval attaché au levier C, fait tourner la meule B : la meule en suit le mouvement ; mais elle a encore son mouvement particulier sur son axe, autrement il n’y auroit qu’une de ses parties qui flotteroit contre la meule gissante ; ce qui la rendroit défectueuse en peu de temps… Le levier C est fortement assujetti en H dans l’arbre K, mobile & perpendiculaire, & dont la partie supérieure tourne dans une poutre du plancher L, qui le tient d’à-plomb, & lui permet de tourner sur lui-même avec la meule.