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mais on peut empêcher que les chiens, les béliers, ou d’autres animaux n’épouvantent les brebis lorsqu’elles sont pleines ; il faut les bien nourrir, les conduire doucement, ne les pas mettre dans le cas de sauter des fossés, des rochers, des haies, &c., de se serrer les unes contre les autres, ou de se heurter contre des portes, des murs, des pierres ou des arbres.

§. III. Combien de temps les brebis portent-elles ? Comment connoît-on qu’une brebis est prête à mettre bas ? Que faut-il faire lorsqu’elle souffre trop long-temps sans pouvoir mettre bas ?

La brebis porte environ cent cinquante jours, qui font à peu près cinq mois. On s’apperçoit qu’elle est prête à mettre bas, par le gonflement des parties naturelles & du pis qui se remplit de lait, & par un écoulement de sérosités & de glaires par les parties naturelles, & que les bergers appellent les mouillures ; elles durent vingt-cinq jours, & quelquefois un mois ou six semaines.

Si l’accouchement est laborieux, si la brebis souffre trop long-temps sans pouvoir mettre bas, il faut tâcher de savoir si les forces lui manquent, ou si, au contraire, elle a trop de chaleur & d’agitation ; dans ce dernier cas il est bon de la saigner, mais si elle est foible, il faut lui faire boire un verre de bon vin, ou deux verres de piquette, ou de bierre, ou de cidre, ou de poiré : on doit préférer celui de ces breuvages qui est le moins cher dans le pays où l’on se trouve. On peut aussi donner à la brebis la provende qui a été conseillée pour exciter la chaleur dans le temps de l’accouplement. (Voyez le §. I.) Mais, avant d’employer les remèdes, il faut être bien sûr que l’accouchement n’est retardé que par la foiblesse de la mère ; ils lui seroient très-contraires si, au lieu d’être trop foible, elle étoit trop agitée, ce qu’il est aisé de connoître par la chaleur des oreilles, & le pouls plus prompt que dans les autres brebis, par la langue & les lèvres sèches, la rougeur des yeux & le battement du flanc.

§. IV. Ce qu’il y a à faire lorsqu’une brebis agnèle, & que l’agneau se présente mal. De la situation de l’agneau dans le ventre de la mère. Des moyens à employer pour changer la mauvaise situation de l’agneau. Du délivre.

Il n’y a rien à faire si l’agneau se présente bien & sort facilement ; mais s’il reste trop long-temps au passage, il faut l’aider à sortir en le tirant peu-à-peu & doucement ; mais il faut attendre pour cela que la brebis fasse elle-même des efforts pour le pousser au-dehors ; si au contraire il se présente mal, il faut tâcher de changer sa mauvaise situation, & de le retourner pour le mettre en état de sortir.

Pour que l’agneau sorte aisément du ventre de la mère, il faut qu’il présente le bout du museau à l’ouverture de la matrice ou portière, & qu’il ait les deux pieds de devant au dessous du museau & un peu en avant ; ses deux jambes de derrière doivent être repliées sous son ventre, & s’étendre en arrière à mesure qu’il sort de la matrice.