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tons auxquels il l’a accoutumé d’obéir, & pour rengager à rester en place dans un endroit où la pâture est bonne, il doit y rester lui-même avec ses chiens, & jouer de quelqu’instrument, tel que le flageolet, la flûte, le hautbois, la musette, &c. Les bêtes à laine se plaisent à entendre le son des instrumens ; elles paissent tranquillement, tandis que le berger en joue.

CHAPITRE VI.

De la nourriture des moutons.

§. I. De la meilleure nourriture pour les moutons. D’où dépend la bonté des pâturages ? Des meilleures herbes.

La meilleure de toutes les nourritures pour les moutons, est, sans contredit, l’herbe des pâturages broutée sur pied ; mais tous les pâturages ne sont pas également bons.

La bonté des pâturages depend de la situation & de la qualité du terrein, de l’état & de la propriété des brebis.

Les terreins les plus élevés, les plus en pente, les plus légers & les plus secs, sont les meilleurs pour le pâturage des moutons.

Les meilleures herbes sont celles qui ont déjà pris de l’accroissement, qui approchent de la floraison, ou qui commencent à fleurir. Les herbes trop jeunes n’ont pas été assez mûries par l’air & par le soleil pour faire une bonne nourriture ; elles sont trop aqueuses, &, pour ainsi dire, trop crues. Celles qui ont pris tout leur accroissement, qui portent graine, ou qui sont trop vieilles, n’ont plus assez de suc & sont trop dures. Il y a des herbes qui résistent à la gelée, & qui sont presqu’aussi fraîches dans le fort de l’hiver que dans la bonne saison ; telles sont la pimprenelle & le pastel ; on peut en faire des pâturages pour l’hiver.

§. II. Des fourrages secs. Moyens d’empêcher leurs mauvais effets. Des nourritures fraîches que l’on peut avoir pour les moutons dans la mauvaise saison.

Lorsque l’herbe des pâturages manque, on peut donner une bonne nourriture aux moutons en fourrages secs. Les meilleurs fourrages de cette espèce font dépérir les moutons, & sur-tout les brebis pleines, celles qui allaitent, & leurs agneaux. Le mauvais effet de la nourriture sèche, sur les bêtes à laine, vient de ce qu’elles sont accoutumées à vivre d’herbes fraîches pendant toute la bonne saison ; les fourrages secs ne sont pas aussi convenables à leur tempéramment, ils les échauffent, ils les nourrissent moins, & ils nuisent à l’accroissement & aux bonnes qualités de la laine.

Si les bêtes à laine restent pendant plusieurs jours de suite sans aller au pâturage, on empêche le mauvais effet des fourrages secs, en tâchant de se procurer quelques nourritures fraîches qu’on leur donne au moins une fois dans la journée.

Les nourritures fraîches que l’on peut se procurer pour les moutons dans la mauvaise saison, sont le colza, les choux de bouture, les choux cavaliers & les choux frangés ; ils résistent à la gelée, & on peut cueillir