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eau-de-vie, dans laquelle on fait infuser les fleurs du muguet. Si l’eau de-vie marchande est trop foible ou trop affoiblie par l’eau, il faut se servir d’esprit-de-vin. On remplit une ou deux bouteilles de pinte, avec des fleurs de muguet, sans les presser ; on ajoute par-dessus autant de bonne eau-de-vie ou d’esprit-de vin que chaque bouteille peut en contenir ; enfin on les bouche exactement ; on les laisse ainsi macérer pendant quelques mois dans un endroit naturellement chaud. Au bout de ce temps, on passa la liqueur à travers un papier gris ; on retire les fleurs, on exprime, à l’aide d’un linge, le fluide qu’elles ont retenu, afin de la passer par le papier gris, & tout le produit en liqueur est mêlé ensemble, & renfermé dans des bouteilles bien bouchées. Voici les usages auxquels on peut employer cette liqueur, dont je répond de l’efficacité après une expérience de trente années.

Dans les indigestions, dans les dérangemens d’estomac par foiblesse, on en prend une cuillerée à bouche. Cet élixir bien simple réussit singulièrement dans les coliques, lors de la suppression du flux menstruel, dans les défaillances, les syncopes, à la dose indiquée ci-dessus ; dans les premiers momens de l’apoplexie séreuse on double la dose.

Cet élixir, inspiré par le nez lorsqu’une abondance d’humeurs séreuses se jette sur les yeux, fait beaucoup éternuer, & détourne cette humeur. C’est ainsi que j’ai rendu la vue à un dessinateur, après avoir, pendant quinze jours de suite, inspiré chaque matin un peu d’élixir.

Muguet des Bois, ou Hépatique étoilée. (Voyez Planche XXIII, page 672.) Tourneforf nomme cette plante aparine latifolia, humïlior, montana ; & Von Linné la désigne sous le nom de asperula odorata, & la place dans la triandrie monogynie.

Fleurs. Pédunculées, terminales, blanches & composées d’un tube divisé en quatre parties B.

Fruit. Sec & un peu velu E & F, surmonté d’un pistil D.

Feuilles. Ovales, lancéolées, un peu ciliées sur leur bord, au nombre de huit par verticilles ; les supérieures sont plus grandes que les inférieures. C fait voir le calice.

Racine A. Branchue, chevelue & vivace.

Port. Tiges hautes de six à sept pouces, simples, lisses, feuillées & légèrement anguleuses.

Lieu. Les bois & les lieux couverts..

Propriétés. L’herbe verte & à demi formée, a une odeur agréable ; elle est regardée comme tonique, vulnéraire, &c légèrement éménagogue.


MUID. Mesure dont on se sert pour les liquides & pour les solides. À Paris le muid pour tous les grains est composé de douze setiers ; chaque setier contient deux mines ; chaque mine deux minots ; chaque minot trois boisseaux ; chaque boisseau quatre quarts de boisseau ou seize litrons ; chaque litron trente six pouces cubes, qui excèdent notre pinte de pouces cubes : le setier de froment pèse de deux cent quarante à deux cent cinquante livres, poids de marc, suivant la bonté du grain.

Le muid d’avoine est double du muid de froment, quoique composé comme celui-ci de douze setiers,