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dent des journaliers, multiplient le nombre des journées bien au-delà des besoins réels, & souvent ils en comptent qui n’ont pas été faites. Ce n’est pas tout, ils retiennent pour eux une partie de leur salaire. Le propriétaire qui passe une grande partie de l’année à la ville, est à coup sûr trompé : quant à celui qui vit à la campagne, s’il l’est, c’est sa faute ; les paiemens doivent être faits par ses mains à la fin de chaque semaine, & chaque jour le matin & le soir, il doit compter le nombre d’ouvriers employés, & en tenir une note : enfin, questionner les ouvriers pour savoir si le jardinier n’exige pas d’eux une certaine rétribution. Je parle d’après ce que j’ai vu, & les ouvriers me répondirent : Nous travaillons en conséquence du salaire qui nous reste. D’après cela, l’ouvrage étoit très-longuement & très-mal fait.

Lorsqu’un jardinier se présente, méfiez-vous si vous le voyez trop recherché dans sa parure ; ce sera un jardinier petit maître, un damoiseau & rien de plus. Si la misère est empreinte sur ses habits, c’est un débauché, un dissipateur ; si ses habillemens sont malpropres & trop négligés, votre jardin sera traité de même ; si c’est un beau parleur & plein de jactance, c’est un ouvrier au-dessous du médiocre : l’homme à talens, interrogé, répond : voyez, examinez comme je tenois & travaillois le jardin que je quitte pour prendre le vôtre. Ne vous laissez pas séduire par ce propos ; prenez moi à l’essai ; quand vous m’aurez vu travailler pendant quinze jours, vous fixerez mes gages. Il faut une année révolue pour conclure sur les talens, sur la conduite & la fidélité d’un jardinier.


JARDON, JARDE. Médecine Vétérinaire. Tumeur dure qui occupe la partie postérieure & inférieure de l’os du jarret, jusqu’à la partie supérieure & postérieure de l’os du canon, à l’endroit du tendon fléchisseur du pied : elle est quelquefois d’une nature phlegmoneuse (Voyez Phlegmon) dans le commencement, & fait assez souvent boiter le cheval.

Une extension de l’un des tendons dont nous venons de parler, est la vraie cause de cette maladie.

On y remédie dans le commencement par des fomentations émollientes, & par des cataplasmes de même nature, auxquels on fait succéder les frictions résolutives & spiritueuses, telle que l’eau-de-vie camphrée, &c., tandis qu’il faut avoir recours à l’application du feu avec les pointes, si la tumeur est ancienne.


JARRET. Médecine vétérinaire. Les jarrets du cheval exigent l’attention la plus sérieuse ; quelques légers en effet qu’en soient les défauts, ils sont toujours très-nuisibles. Le mouvement progressif de l’animal n’est opéré que par la voie de la percussion ; la machine ne peut être mue & portée en avant, qu’autant que les parties de l’arrière-main, chassant continuellement celles de devant, l’y déterminent ; or, toute imperfection qui tendra à les affoiblir, & principalement à diminuer la force & le jeu du jarret, qui d’ailleurs par sa propre structure est toujours plus fortement & plus vivement occupé que les autres parties, ne sera