Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en les y faisant tremper à la hauteur de deux pouces.

CHAPITRE III.

De la transplantation de l’arbre, du sol qui lui convient.

I. De la transplantation. Son époque dépend du climat. Dans les provinces méridionales, dans les cantons où les pluies sont habituellement rares au printemps & dans l’été, il est indispensable de transplanter peu de semaines après que les feuilles sont tombées ; c’est-à-dire, qu’il faut donner le temps à la séve de redescendre vers les racines, & laisser le tronc moins pénétré d’humidité. L’époque est à peu près fixée depuis la mi-novembre jusqu’à la mi-décembre. Alors les pluies d’hiver ont le temps de serrer, de tasser la terre contre les racines, de pénétrer plus avant dans la fosse, & par conséquent d’y retenir une humidité qui sera si nécessaire pendant l’été. À moins que la saison ne soit très-long-temps rigoureuse, les racines pousseront de petits chevelus qui se fortifieront de bonne heure au retour de la belle saison. Dans les provinces moins chaudes & naturellement plus humides, on fera très-bien de différer les transplantations jusqu’après l’hiver. Les fosses destinées à recevoir ces arbres, demandent à être ouvertes plusieurs mois d’avance. On en sent trop aisément les raisons pour y insister.

Si on a transplanté les arbres après la première année de pépinière, ou si, par une manière ou par une autre, on a arrêté le pivot, la peine sera moins grande pour déraciner l’arbre ; mais dans tous les cas possibles on doit commencer à cerner la terre à la plus grande distance que l’on pourra tout autour des racines, & une profondeur convenable ; par exemple, en commençant par un des bouts de la pépinière, afin de ne pas les endommager & de leur conserver une très-grande longueur. Je ne répéterai pas de nouveau ce que j’ai déjà dit plusieurs fois sur l’utilité des racines ; d’ailleurs voyez ce mot.

On sent bien, dans la supposition qu’on n’ait pas supprimé le pivot, qu’il sera, pour ainsi dire, impossible ou du moins trop dispendieux de défoncer la terre jusqu’à la profondeur à laquelle il a pénétré, si le sol de la pépinière a eu beaucoup de fond : ce n’est pas aussi ce que je demande ; cependant, si on le pouvoit, je dirois, ménagez ce pivot, donnez-lui une direction très-étendue & horizontale dans la fosse, & vous aurez un arbre qui ne tardera pas à se charger de beaucoup de racines, & dont la végétation sera bien supérieure à celle de l’arbre dont on aura coupé le pivot à un ou deux pieds, quoiqu’il ait déjà beaucoup de racines latérales.

Huit pieds de diamètre sur au moins trois de profondeur, sont les proportions ordinaires des fosses que l’on ouvre long-temps d’avance pour les noyers. Si on transplante le noyer avant l’hiver, il est inutile de retrancher sa tête à cette époque, & dangereux, comme quelques écrivains le conseillent, de laisser deux à trois pouces de la base des branches que l’on supprime, & d’enfoncer une cheville dans le centre, c’est-à-dire, dans l’endroit de la moelle. Le bois du sommet de la tige & des branches