gligée. Colbert qui faisoit consister la prospérité d’un état uniquement dans le commerce, comprit tout l’avantage qu’on pouvoit & qu’on devoit retirer du mûrier ; il rétablit les pépinières royales, fit distribuer les pieds qu’on en retiroit, & les fit planter aux frais de l’état. Ce procédé généreux, mais violent, parce qu’il attaquoit le droit de propriété, ne plut pas aux habitans de la campagne ; & de manière ou d’autre, ces plantations périssoient chaque année : il fallut donc avoir recours à un moyen plus efficace & surtout moins arbitraire. On promit, & on paya exactement vingt-quatre sols par pied d’arbre qui subsisteroit trois ans après la plantation, & ce moyen réussit. Ce fut ainsi que la Provence, le Languedoc, le Vivarais, le Dauphiné, le Lyonois, la Gascogne, la Saintonge & la Touraine furent peuplées de mûriers. Sous Louis XV, des pépinières royales furent établies dans le Berry, dans l’Angoumois, l’Orléanois, le Poitou, le Maine, la Bourgogne, la Champagne, la Franche-Comté &c., & les arbres en furent gratuitement distribués. Telle a été, en général, la progression de la culture du mûrier. Il faut cependant observer, que de Grèce & d’Italie, le mûrier passa dans les provinces méridionales de France & de-là dans le Piémont. Ces arbres furent négligés en France, il fallut ensuite en retirer la graine du Piémont. Quoique cette partie historique & très-succinte soit étrangère au but de cet Ouvrage, j’ai pensé qu’elle feroit plaisir au lecteur : il est temps de s’occuper de la pratique.
CHAPITRE PREMIER.
Description des Espèces de Mûriers.
Section Première.
Des Espèces botaniques.
I. Mûrier Blanc. Tournefort le place dans la quatrième section