Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/175

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mande donc à être détaché du mur, comme tout le reste.

L’avidité incroyable de ces insectes pour l’œillet, exige l’attention soutenue du fleuriste ; il place au sommet de chaque baguette une carte roulée en entonnoir, la pointe en haut, le perce-oreille maraude pendant la nuit, craint la lumière, et se retire dans l’obscurité dès que le jour paroît. On le trouve caché dans le haut de l’entonnoir, et on le tue. Si, à la place des baguettes solides, on se sert de petits roseaux de jardins, (voyez ce mot) il suffira de pratiquer une ouverture au dessous du dernier nœud, et l’insecte se retirera dans la cavité cylindrique du roseau.

Le puceron vert et noir vit encore aux dépens de l’œillet ; il est ordinairement en troupe nombreuse, et il fait beaucoup de ravages : il est difficile de prévenir ses attaques, puisqu’il vole ; mais dès qu’on le découvre, on répand un peu de tabac bien sec dans l’œillet : quelques fleuristes emploient les décoctions des plantes amères, telles que la tanaisie l’absinthe, la rue, etc. Si on leur donne la chasse de grand matin, lorsqu’ils sont encore engourdis, on peut incliner la tige, l’agiter par secousse, l’insecte tombe sur une feuille de papier destinée à le recevoir, et on l’écrase.

Des chenilles grises et vertes, dont les œufs ont été déposés par des papillons, et qui éclosent sur les feuilles, les rongent et les dévorent. On connoît la présence de la chenille, quoique cachée sous la feuille qui perd peu à peu sa couleur verte : on tue l’insecte.

Les fourmis viennent butiner l’extravasation de la sève, causée par les dents des autres insectes ; elles ne se jettent pas sur une plante saine. Il |arrive par fois que les fourmis s’emparent et se gitent dans la terre du vase ; bientôt elle est émiettée au point que les racines sont à nu : l’unique remède est de dépoter aussitôt la plante, de la changer de place et de la secouer légèrement de temps à autre afin d’obliger les fourmis de s’éloigner, on la remettra ensuite en place, avec de bonne terre, et on arrosera.

L’œillet est sujet à plusieurs maladies réelles, outre les accidentelles dont on vient de parler. Les soins trop multipliés, les attentions données à contre-temps par les fleuristes, n’en seroient-ils pas les causes déterminantes ? en effet, les œillets livrés à eux-mêmes, et aux soins de la nature dans les plates-bandes, n’y sont presque pas sujets : ces maladies sont le blanc, le jaune, la gale, la rouille, et la pourriture.

Le blanc est quelquefois occasionné par des nuits froides, par des brouillards qui interceptent la transpiration de la plante, et causent un reflux d’humeurs ; le blanc est commun au printemps et en automne, et très-rare en été ; quelquefois un arrosage donné de grand matin, ou avec une eau trop fraîche, en est la cause. Le remède consiste à dépoter la plante, changer la terre, supprimer les parties chancies des racines, et la planter dans un autre pot que l’on placera à une exposition qui n’ait le soleil du matin que pendant une heure ou deux. Lorsque la plante sera remise, on transportera le pot avec les autres, c’est-à-dire, à l’air libre.

Le jaune est produit par une terre onctueuse, trop grasse, trop chargée de fumier peu pourri et qui retient