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aux premières, & sujettes à ne pas lever.

La première graine se conserve bonne à semer, pendant quatre ans ; celle qui a deux ans, germe plus vite que celle de la première & des autres années.

Récolte. Le changement de couleur dans les feuilles, lorsqu’elles commencent à se faner, à se flétrir, est le signe qui indique que la bulbe approche de sa maturité. À cette époque, on tord les feuilles près du collet de la bulbe, & on les écrase un peu. La substance se concentre dans la bulbe, grossit & S’endurcit comme l’aubier d’un arbre, lorsqu’on l’écorce sur pied.

À mesure que l’on trouve des bulbes au point de maturité convenable, on les enlève de terre ; chose fort aisée, puisqu’elles sont presque déterrées, & on les porte sur les allées du jardin où elles essuyent toute la grosse ardeur du soleil, pendant huit à dix jours. S’il survient des pluies, on a soin de les en garantir, afin que l’humidité ne renouvelle pas la germination.

Lorsque les oignons sont bien secs, on les émonde de leurs racines desséchées, de leurs pellicules inutiles ; & avec de la paille entrelassée avec leur fane, on en forme des chaines que l’on suspend dans un lieu sec, & à l’abri des vicissitudes de l’air. C’est ainsi que l’on garde les oignons pendant tout l’hiver.

Quelques jours après la récolte des premiers oignons mûrs, on recommence celle des seconds, des troisièmes & ainsi de suite, jusqu’à ce que tous soient enlevés. Les opérations sont les mêmes que celles qui ont été décrites.

Il arrive par fois que ces oignons germent après un certain temps, surtout si les vents de mer règnent souvent ; ils ne sont pas perdus pour cela ; on les replante en novembre & décembre, & on les mange en vert pendant l’hiver & au printemps, ou bien on les laisse grainer, & leur conduite est la même que celle qui a été décrite.

Quelques auteurs conseillent d’appliquer un fer chaud à la partie inférieure de la bulbe, celle d’où partent les racines, afin de la mieux cicatriser, de la racornir & d’empêcher la pousse de nouvelles racines, enfin pour les conserver plus longtemps. J’ai essayé cette recette, & j’avoue qu’après l’avoir retournée de toutes les manières, je n’ai pas été plus avancé par l’une que par l’autre. La bulbe a déjà fait des jets souvent de plus d’un pied de longueur, avant d’avoir seulement montré l’apparence d’une racine. C’est par & à travers ses tuniques, qu’elle pompe l’humidité de l’air d’où dépend sa germination. Un oignon coupé horizontalement par moitié franche, n’en germe pas moins dès que la partie coupée est cicatrisée. Il y a plus ; on peut avec soin séparer les tuniques des oignons, les diviser sur leur longueur, laisser cicatriser ou dessécher les bords ; planter chaque partie, & chaque partie donnera un oignon dans l’année. L’oignon ressemble aux plantes grasses dont chaque morceau forme une plante lorsqu’il est traité convenablement.

Il est inutile de tenter la culture des oignons dans des champs, à moins qu’on n’ait de l’eau en abondance & qu’on ne puisse arroser par irrigation. Les sécheresses sont trop longues, les chaleurs sont trop vives, trop soutenues ; mais si on est assez