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croyable, quand on compare avec celles du nord les méthodes du centre & du midi du royaume.

Il faut sarcler rigoureusement aussitôt que la graine a germé, & que sa petite plante est bien caractérisée ; les mauvaises herbes lui nuiroient beaucoup : la graine germe environ trois semaines après. Si la terre est sèche on arrose avant de sarcler, afin de mieux déraciner les herbes parasites : on arrose encore après le sarclage dans la raie, afin de rejoindre la terre contre les racines. Cette opération est répétée aussi souvent qu’on la juge nécessaire.

L’homme qui sème a beau régler ses coups de main, il ne peut empêcher que des graines ne tombent trop près des graines voisines, & qu’il n’y ait quelques clairières. Il faut donc enlever les oignons surnuméraires, les repiquer dans les clairières, & arroser ensuite. On se contente de laisser trois pouces de distance d’une plante à une autre, d’où il doit nécessairement résulter l’entrelacement des racines, & la moins grande végétation des individus. Leur nombre, à la vérité, sera plus considérable, mais un gros & bel oignon ne vaut-il pas mieux que deux petits, & à coup sûr il aura moins d’acrimonie.

La manière d’arracher les oignons, de les faire sécher, de lier en chaîne, est la même que celle dont on a parlé.

Ces chaînes, ces paquets d’oignons transportés dans les greniers, demandent à être préservés des gelées. À cet effet, on les rassemble en tas, & on les couvre avec de la paille ou avec des couvertures, suivant l’intensité du froid. Si la gelée les surprend, on doit les laisser tel qu’ils sont sans les remuer, ils se remettent ensuite d’eux-mêmes, après avoir un peu perdu de leur force.

On sème en juillet & août la graine d’oignon blanc, & sur-tout du blanc hâtif, ainsi que celle de l’oignon rouge, toujours après le piétinement indiqué ; on la recouvre de même, on l’arrose au besoin pour aider sa germination, & on ne mouille plus lorsqu’elle est levée. Les jeunes plants sont en état d’être repiqués dans le courant d’octobre. On les place à trois pouces de distance les uns des autres, & on en laisse un certain nombre en pépinières, pour regarnir les places qui se seront dépeuplées pendant l’hiver ; lors de la rigueur de la saison, on les couvre avec de la paille, des balles de blé, ou avec des feuilles sèches, &c. Ils demandent de fréquens arrosemens au printemps, parce qu’ils dessèchent bien vite la terre par la multiplicité des plantes qu’elle nourrit. L’oignon est formé en mai ou en juin, on l’arrache quand il est mûr, & il ne se conserve que jusqu’en novembre & en décembre.

L’auteur de l’école du jardin potager dit : « Il y a une autre manière d’élever l’oignon rouge, qui paroît surprenante ; mais elle n’est pas moins sûre, car je l’ai éprouvée. Lorsqu’on éclaircit au mois de juin les planches semées au mois de mars, on ramasse celui que l’on arrache, qui, le plus souvent, se trouve perdu ; on l’étend fort clair dans un lieu bien aéré, & on l’oublie là. On peut même le laisser en plein air dans le jardin sur quelques plates-bandes jusqu’à l’automne, qu’on le met à couvert ; la fane sèche, mais le pied se conserve, & l’oignon se forme de la grosseur d’une aveline, quoiqu’il ne reçoive aucune nourriture de la terre, & qu’il soit en proie pendant