Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/226

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mais toutes deviennent traçantes, lorsque la couche inférieure de terre est mauvaise ou imperméable aux racines. On doit encore observer qu’en supposant deux couches de terre, dont la supérieure de bonne qualité aura trois pieds d’épaisseur, & dont l’inférieure sera mauvaise, les racines s’étendront le plus qu’elles pourront dans la couche supérieure. Si au dessous de l’inférieure le sol est bon, elles traverseront la couche mitoyenne pour venir jouir des avantages que leur offre la dernière ; on est sûr alors d’avoir de très-beaux arbres. Si à une certaine distance on a pratiqué un fossé, ou s’il se trouve un plan incliné, une balme, &c. la chaleur directe que reçoivent ces parties, attire les racines de leur côté ; si au contraire l’arbre est planté sur le bord du fossé ou de la balme, les racines, après en avoir tapissé toute la superficie, se replongeront du côté du sol, afin d’y trouver une nourriture convenable. Et pour peu qu’on ne fasse pas attention à ces racines extérieures, elles se chargeront de rameaux par toutes les protubérances dont on a parlé en décrivant cet arbre. On doit regarder ces rameaux & ces bourgeons comme des plantes parasites qui affament l’arbre ; il convient donc de les détruire, à moins qu’on n’ait l’intention d’élever en arbres un ou deux de ces rejetons, ou d’en tirer des sujets, propres aux pépinières ; c’est ce que l’on examinera ci-après.

Comme la superficie du champ diminue chaque année, à moins qu’on ne répare ces pertes par l’addition des engrais, ou par les transports de terres nouvelles, le collet des racines & la souche paroissent s’élever, se déchausser. Dès-lors la partie qui n’est plus enterrée autant qu’elle devoit l’être, fournit des bourgeons, & ce sont ceux-là qu’on garde par préférence pour les pépinières, lorsqu’ils ne sont pas dévorés par les troupeaux.

Le tronc s’élèveroit à la hauteur de vingt pieds & peut-être plus, s’il étoit émondé de ses branches inférieures à mesure qu’il grossit & grandit : mais plus l’arbre est élevé, toutes circonstances égales, & moins le fruit mûrit, parce que trop éloigné de la terre, il ne reçoit plus le degré de chaleur nécessaire ; d’ailleurs la récolte du fruit devient trop pénible, & souvent dangereuse pour le cueilleur. La raison & le besoin forcent donc à tenir le tronc plus ou moins bas, suivant le canton où souvent tout est habitude, & suivant la nature de l’abri, ce qui vaut encore mieux. En France, l’olivier de pépinière se presse de jeter des rameaux par le bas, & ces rameaux absorbent la sève de la partie supérieure si on ne les retranche pas peu à peu : dans les pays plus méridionaux, l’élancement du tronc est plus rapide, plus considérable, & il devient plus haut ; cependant dans tous les cas, si on ne secouroit pas le jeune arbre, il deviendroit un buisson plus ou moins renforcé & élevé. De cet élancement des bourgeons sur le bas de la tige, on doit conclure, pour la France, que l’olivier ne peut pas avoir naturellement un tronc fort élevé, & même qu’on doit fixer sa hauteur, puisque son sommet se développe de lui-même en branches nécessaires pour former la tête. Plus le pays est sujet aux coups de vents & aux froidures, plus l’arbre doit être tenu bas.