Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

former son bourrelet, & sur-tout lorsque les bourgeons pousseroient ; l’onguent seul suffit ; si par un accident quelconque il vient à tomber, on en met de nouveau. On doit, autant que l’en peut, & c’est toujours pour le mieux, le laisser subsister même pendant plusieurs années ; c’est une petite attention dont on se trouvera très-bien.

Il est certain qu’avec de semblables précautions, le froid n’agira pas surr la plaie de l’arbre planté avant l’hiver, & que la reprise de l’olivier sera assurée.

Les partisans des plantations du printemps, disent : si on met en terre l’arbre lorsqu’il entre en séve, tous ses pores & toutes ses cellules en sont remplies ; cette séve ne cherche qu’à s’échapper au-dehors & à donner naissance aux bourgeons, & la souche a le temps de pomper de la terre une nouvelle séve. Ainsi la reprise est plus assurée au printemps qu’avant l’hiver, sur-tout si on a le soin d’arroser.

Cette théorie est-elle celle de la nature ? Un seul exemple la dément. Combien de gros oliviers transplantés ne végètent pas pendant la première année ? Combien qui ne végètent qu’à la seconde ? & d’autres point du tout. Cependant on plante les vieux comme les jeunes à la même époque, & à tous on ne laisse que la souche. S’il est très-difficile, trop coûteux, ou même impossible d’arroser ces arbres dans le courant de l’été, on n’est certainement assuré de la reprise que d’un petit nombre ; il n’y a aucune végétation sensible dans plusieurs, puisqu’ils ne poussent qu’à la seconde année, quoiqu’on ait soin de les arroser pendant la première.

J’ai dit que l’olivier étoit en séve pendant toute l’année, & il a cela de commun avec les arbres qui conservent leurs feuilles toujours vertes. Cependant, si la séve n’est pas déjà renouvelée par la chaleur du printemps, enfin si on plante, par exemple, en février ou au commencement de mars, lorsque l’hiver aura été froid & long, il est clair que ces arbres reprendront moins bien, toutes circonstances égales, que si l’on avoit attendu le mois d’avril, parce qu’à cette époque tout le tissu du tronc auroit été plus rempli de séve. D’ailleurs, l’olivier réduit à l’état de tronc, éprouve très-peu de transpiration, & la masse de séve qu’il a retenue, nourrit mieux les germes des bourgeons, dont le développement est aussi plus facile. Si on ne craint pas dans les plantations tardives le manque de séve du printemps, on doit redouter les chaleurs & la sécheresse dévorante de l’été.

J’ose croire, quoique je ne certifie pas le fait, que l’épanouissement des bourgeons, ou plutôt leur extension pendant le reste de l’année, dépend des racines poussées de la souche jusqu’à cette époque, car le premier développement auroit eu lieu, quand même le tronc coupé en avril ou en mai, seroit resté couché sur le sol sans être enterré. J’ai la preuve de ce que j’avance : or, s’il est vrai que l’extension des bourgeons tienne au développement des nouvelles racines poussées par la souche, il est donc évident que l’olivier planté avec toutes ses racines, même en supposant qu’il ne donne pas plutôt de nouvelles racines que l’autre, auroit un grand avantage sur celui auquel on n’auroit conservé