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& les journées sont à meilleur marché.

Les sectateurs de la seconde méthode, disent, 1°. la dépense de la cueillette faite à terre ou sur l’arbre, n’est pas un assez grand objet d’économie pour qu’on doive s’y attacher. D’ailleurs, les coups multipliés de l’instrument tranchant qui abat la branche, font tomber beaucoup d’olives & beaucoup de feuilles sur les toiles. On perd ensuite au triage plus de temps qu’on en a gagné à la cueillette, 2°. Le cas d’une grande quantité de neige à la fois est excessivement rare ; & il faut qu’un arbre soit prodigieusement feuillé, & qu’il ne règne aucun vent capable de la détacher pour que ses branches cassent. 3 °. la circulation de l’air & l’évaporation de l’humidité sont en eux-mêmes un objet important ; mais comme l’olivier transpire sans cesse, le froid doit donc agir mieux sur la transpiration d’une branche isolée, que sur celle qui est défendue par les branches voisines. La brebis à jambes grêles a grand soin de les resserrer l’une contre l’autre, lorsqu’elle est exposée à un grand courant d’air. Ce que cette réunion produit sur l’animal, l’approximation des branches des rameaux voisins le produit également, ou au moins en partie sur l’arbre. 4°. Le prix des journées mérite considération ; mais l’économie est-elle en proportion des plaies que chaque amputation de branches & de rameaux fait à l’arbre ? & personne n’ignore quel est le nombre prodigieux de ces plaies. Chaque partie mise à nu n’a rien qui la défende contre la neige, la pluie, le verglas & la glace qui la recouvrent. Il n’est donc pas surprenant que les météores exercent leurs ravages sur un arbre qui ne craint que le froid, & dont la substance reste exposée à ses effets destructeurs. La taille faite avant l’hiver, ne dispense pas de faire la visite de ses oliviers après l’hiver. Des branches, des rameaux paroissoient bien portans lors de la taille ; mais soit que plusieurs fussent attaqués des vers, soit que le froid en ait détruit un certain nombre, ils demandent alors à être supprimés. Cette double opération devient dispendieuse & absorbe du temps, au lieu que la taille en mars ou en avril, suivant le climat & la saison, réunit les deux objets à la fois.

D’après l’exposé de ces différens motifs, le lecteur n’aura pas beaucoup de peine à se décider.

Section III.

Comment doit-on tailler ?

Il faut distinguer l’émondage de la taille. Par l’émondage on ne supprime que quelques petites branches ou seulement le bois mort, au lieu que par la taille on dépouille l’arbre de toute espèce de bois superflu.

La taille de l’olivier se réduit à peu de principes, dont l’application cependant va à l’infini, puisqu’elle doit être subordonnée au climat, au sol, à la manière d’être des courans d’air du pays, enfin à chaque espèce d’oliviers, en général, & relativement à chaque individu en particulier. Chaque arbre dit à l’émondeur, j’ai besoin d’être taillé de telle ou telle manière ; si vous agissez autrement, vous ne savez pas votre métier. Je ne puis me soustraire à vos coups meurtriers, mais le propriétaire paiera chèrement l’aveugle confiance qu’il a en vous, & votre maladresse.