Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terreau de vieilles couches, & préparée de longue main ; en un mot, celle qui est rendue la plus légère & la plus substantielle devient la meilleure.

On dira peut-être que ce début d’éducation du mûrier le rendra ensuite trop délicat sur le choix du terrain qu’il remplira un jour. Le premier but dans le semis est d’avoir beaucoup de plants, & d’obtenir dans la même année une pourrette capable d’être mise en pépinière. Si le semis & la végétation des plants n’ont pas bien réussi, c’est une année perdue, & des plants à rejeter. Je n’aime point les vieux semis, & j’ai toujours vu qu’un semis de deux ans réussissoit très-mal.

La longueur des planches, des tables, ou le nombre des sillons, si on arrose par irrigation, est indifférente ; elle doit être proportionnée à la quantité de semences. La largeur, au contraire, de ces planches ne doit pas excéder trois pieds, afin de pouvoir sarcler avec facilité toutes les fois qu’il est nécessaire. Si l’on sème par sillons, la graine doit être jetée dans une raie faite sur la partie de l’ados à laquelle l’eau de la rigole ne monte pas, sans quoi elle germeroit mal. Les planches ou tables sont préférables à cette méthode, lorsqu’il est possible de les arroser à la main.

Chacun a sa manière de semer, & il y attache une grande importance. Tout semis fait à la volée est pernicieux, il ne laisse pas la facilité de sarcler & de soutenir commodément la terre autour des jeunes pieds. Il vaut beaucoup mieux tracer, avec un bâton, de petites rigoles de deux pouces de profondeur, les aligner au cordeau & les recouvrir de terre après le semis. La distance entre chaque raie sera de six pouces au moins, & huit à dix pouces laissent un espace bien suffisant.

Quelques personnes imbibent une corde de chanvre ou de spart, la passent sur les graines, & ainsi chargée, l’enfouissent dans une rigole & la couvrent de terre. C’est compliquer inutilement l’opération.

Presque tous les animaux mangent les mûres, les chiens sur-tout, & dans moins d’un mois, elles les engraissent considérablement. Le raffinement a été porté au point de ramasser les excrémens de ces animaux, de les faire sécher & de les conserver lors des semis. Que de soins dégoûtans pris en pure perte ! La première de ces trois méthodes est la plus simple, la plus sûre & la plus commode.

J’ai dit que la pulpe desséchée conservoit la graine, & qu’elle y restoit adhérente. On peut, si on veut, la laisser & la répandre avec la graine, elle ne produira ni bien ni mal. Il vaut cependant mieux fouler cette graine dans les mains, afin d’en détacher le reste de la pulpe ; la vanner, passer la graine à l’eau, lorsqu’elle est bien nette, & l’y laisser séjourner pendant vingt-quatre heures. La graine ainsi pénétrée d’eau, germe & lève parfaitement.

On a porté le scrupule jusqu’à fixer la quantité de graine à répandre sur une étendue désignée. Semez par raies bien espacées ; semez épais, & Vous serez toujours à temps d’enlever les pieds surnuméraires. Il ne s’agit pas de porter les choses à l’extrême, un grain près de l’autre suffit ; & si on étoit assuré que chaque semence levât & vînt à bien, je dirois : placez ces semences à un pouce