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ensuite il a tenu les bouteilles exposées à la forte chaleur du soleil de Provence, tandis que le degré de chaleur de mon cabinet est de dix à douze degrés pendant l’hiver, & de vingt à vingt-quatre pendant l’été. Aussi mon huile d’amandes n’étoit pas âcre & corrosive, au point d’occasionner des ulcères dans la bouche, comme celle dont parle M. Sieuve, & la différence est très-grande. Malgré cela on peut conclure, car personne n’expose de gaieté de cœur ses huiles à la forte chaleur du midi & aux vicissitudes de l’atmosphère, que l’huile de l’amande ne vicie pas celle du fruit autant qu’on auroit pu l’imaginer, d’après les expériences de M. Sieuve ; que celle du noyau imprime un caractère très-fâcheux à l’huile douce ; heureusement elle est en très-petite quantité. Enfin la saveur du noyau nuit à la qualité de l’huile, lorsqu’on le broye avec les olives. Ainsi la grande perfection exige la séparation complète du noyau.

Il résulte de mes expériences que les amandes d’olives contiennent une huile très-distincte de celle de ce fruit, dans laquelle est interposée une quantité assez forte d’huile essentielle, & que celle du bois du noyau en contient encore plus. Or, J’ai prouvé à l’article huile, que la rancidité étoit le résultat de la réaction de l’huile essentielle sur l’huile : donc, plus on éloignera le principe de la rancidité par la soustraction des noyaux, & plus long-temps l’huile du fruit restera douce, sans mauvais goût ni mauvaise odeur. J’ai dit de bonne foi ce que j’ai vu, & comme je l’ai vu ; je puis m’être trompé, cependant je reste dans la ferme persuasion que les assertions que j’ai établies sur les principes constituans des huiles, sur leur manière d’agir les uns sur les autres, sont vraies & conformes aux loix de la saine physique. Je remercierai de bon cœur, & avec reconnoissance, celui qui voudra bien prendre la peine de me prouver que je me suis trompé.


CHAPITRE XII.

Des insectes qui attaquent les oliviers, & des moyens de les détruire.


M. Bernard, directeur de l’observatoire royal de la marine à Marseille, dans son Mémoire couronné en 1782 par l’Académie de cette ville, sur la culture de l’olivier, entre dans un détail très-circonstancié sur les insectes qui vivent de la substance des différentes parties de cet arbre ; ce Mémoire décèle l’observateur exact, attentif & accoutumé à bien voir. Comme ce que l’auteur a dit, vaut beaucoup mieux que ce que je pourrois dire, j’annonce hautement que je vais copier cette partie de son mémoire sans y changer un seul mot. Je suis charmé de trouver ici une occasion de lui témoigner ma reconnoissance du plaisir que m’a fait la lecture de son Mémoire.

« On trouve un assez grand nombre d’insectes sur l’olivier. Quelques-uns se nourrissent des fruits sans nuire aux arbres, d’autres nuisent également aux arbres & aux olives ; il s’en trouve qui, sans toucher aux fruits, affoiblissent singulièrement les oliviers ; on en voit enfin que le préjugé seul peut faire regarder comme dangereux. Je compte parmi ceux-ci la fourmi ; elle ne se nourrit pas des productions de l’olivier, elle