Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/284

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la surface du terrain qui répond à leur feuillage est humide. On conçoit aisément qu’une transpiration aussi abondante, qui doit exister aussi bien le jour que la nuit, quoique la chaleur de l’atmosphère l’empêche dans le premier cas d’être sensible, doit affoiblir considérablement les arbres ; aussi sont-ils extrêmement languissans. Ils donnent des récoltes peu multipliées, peu abondantes, & leurs fruits sont plus petits que ceux des arbres de même espèce qui n’ont pas de kermès.

» On sait que les figuiers infectés de kermès périssent en peu d’années, & que dans cet état leurs fruits ne parviennent pas toujours à leur maturité & sont extrêmement fades. Il m’a paru que le kermès ne nuisoit pas autant à la durée de l’olivier qu’à celle du figuier ; mais l’effet est presque le même pour le propriétaire. Dès qu’il n’a point de fruits, c’est comme s’il n’avoit point d’arbres.

» Les kermès sont des ennemis d’autant plus dangereux, qu’ils multiplient prodigieusement ; qu’ils sont fort petits pendant une grande partie de l’année, & qu’ils vivent pendant long-temps sous les feuilles. Ainsi on ne peut pas même proposer de nettoyer ces arbres comme cela se pratique quelquefois pour le figuier.[1]

» Les oliviers infectés par le kermès, vus d’un peu loin, paroissent être singulièrement vigoureux. La séve extravasée délayant les excrémens de ces insectes, prend une couleur noire, & donne cette teinte aux feuilles & aux branches. On sait que des oliviers affoiblis ne présentent que des rameaux jaunes. Ici l’affoiblissement le plus grand est comme masqué : il faut voir de près sur ces arbres le peu de longueur des pousses & leur maigreur, pour s’assurer du déplorable état auquel ils sont réduits.

» Il pourroit être utile d’observer si le kermès de l’olivier ne donneroit pas un rouge aussi beau que les insectes du même genre employés par les teinturiers. On pourroit dans ce cas retirer quelqu’avantage d’un mal grave qu’on ne peut pas empêcher ; le kermès ne se trouve guères sur l’olivier que dans les contrées les plus chaudes de la province. On a observé que les froids un peu rigoureux contribuoient beaucoup à la destruction de cet insecte.

De la Psylle de l’olivier.

» Cet insecte a une ligne de longueur ; ses ailes sont en toit, ovoïdes, transparentes, au nombre de quatre, pointillées en jaune dans l’intérieur & de noir sur ses bords : ses antennes sont filiformes ; son ventre a une demi-ligne ; il est verdâtre & terminé en pointe. La psylle a six pattes jaunâtres, elle a trois yeux lisses & en écusson sur le dos ; elle saute parfaitement bien. Cet insecte vu par dessus

  1. Note de l’Éditeur. Je me sers d’une brosse trempée dans du vinaigre très-fort, pour nettoyer les feuilles & les bourgeons des orangers. Le vinaigre tue le kermès ou galle-insecte, & les poils de la brosse détachent les corps morts des branches ; des lavages à grande eau achèvent le reste. On fait cette opération avant d’enfermer les orangers, ou avant de les sortir de la serre, mais quelle patience & cruelle dépense si on vouloit la mettre en pratique dans une olivette !