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ordinairement ensuite, sur-tout à sa séparation des anneaux. Lorsque l’insecte est parfait, ce qui arrive au bout d’une douzaine[1] de jours, sa coque s’ouvre à une des extrémités, sans que la petite calotte qui lui permet de s’échapper, se détache entièrement de la coque.

» Tant que l’olive reste sur l’arbre le ver qui s’en nourrit ne sort point avant sa dernière métamorphose. Je n’ai jamais cueilli un de ces fruits rares sans y trouver l’insecte vivant ou sa dépouille ; mais lorsque l’on cueille les olives piquées, et lorsqu’on les entasse dans des greniers, la fermentation qui s’y établit, force les insectes à s’éloigner des olives, et on en voit quelquefois une quantité étonnante sur le plancher. J’ai pris quelquefois des vers, lorsqu’ils étoient à peine parvenus aux deux tiers de leur grosseur. Après les avoir mis dans des boîtes, ils se resserroient bientôt, et après le temps ordinaire, une mouche sortoit de chaque coque.

» La mouche est de couleur brune, le corcelet et le ventre sont couverts de poils ; la tête a deux antennes formées de deux parties distinctes qui sont elles-mêmes composées de grains très-courts, mais qu’on apperçoit avec le microscope. On observe un poil sur chaque antenne de même longueur qu’elle, et il a son origine au milieu de cet organe. On distingue, outre les grands yeux à réseaux, trois petits yeux lisses ; le corcelet est terminé par une protubérance jaune. On remarque deux points de même couleur près de la tête sur chacun des côtés. Le dessus du corcelet présente sur sa longueur trois petites bandes d’un brun foncé : à l’extrémité du corcelet sont les balanciers. On ignore encore l’usage de cet organe. Le corps ne tient au corcelet que par un fil assez délié mais fort court. Le ventre chez les femelles a à son extrémité et au dessous, un étui qui renferme le dard dont l’insecte se sert pour piquer les olives ; ce dard n’est pas apparent ; sa forme et conique, et il est terminé par une pointe très-fine. On le voit aisément au microscope en pressant légèrement l’extrémité du ventre… Les pattes sont d’un jaune sale : on y compte six articles.

» Le mâle est plus petit que la femelle, et son ventre est arrondi ; il a d’ailleurs le même port, la même couleur et la même forme… Cette mouche n’a que deux ailes, et elle les tient dans une agitation continuelle. Lors même qu’elle marche, elles n’appuyent pas sur son corps. On la rencontre aisément sur les oliviers vers la fin de septembre ; elle vole d’une olive à l’autre, et fait ordinairement une piqûre unique à chacun des fruits sur lesquels elle passe. Cependant, lorsque la récolte est peu abondante, on trouve quelquefois jusqu’à quatre vers dans la même olive. Il faut environ seize jours pour

  1. Note de l’Auteur. Le temps qu’il faut à la nymphe pour se changer en mouche, dépend beaucoup du degré de la chaleur auquel elle est exposée. Dans le mois d’août et de septembre, sa métamorphose se fait ordinairement en douze jours ; mais ce temps devient plus long à proportion que la température de l’air est plus froide ; ainsi il peut être de quinze, de vingt, de trente jours, etc. Il m’est arrivé même de ne voir sortir qu’à la fin de janvier, des mouches qui avaient formé leurs coques au commencement de novembre.