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1°. À avoir des feuilles de médiocre grandeur, plutôt courbées & couchées que droites, afin que la tige & ses fleurs ne soient pas cachées par les feuilles.

2°. La tige de la fleur doit être forte, capable de soutenir le bouquet lorsque toutes les cloches qui le forment sont ouvertes.

3°. Les fleurons doivent être ronds, plats, composés de pétales égaux & qui semblent ne former qu’une même pièce.

4°. Les beaux fleurons sont ceux qui ont un pouce de diamètre, dont les pétales sont étoffés, épais, veloutés, satinés & lustrés.

5°. Le tube du fleuron doit être grand, bien proportionné, rond, & ne point participer de la couleur du fleuron.

6°. Il faut que les étamines ne soient ni saillantes sur le tube, ni enfoncées dans l’intérieur. Elles doivent, au contraire, être de niveau avec l’orifice du tube.

7°. Que la fleur conserve sa couleur jusqu’à ce qu’elle passe ; qu’elle ne se plisse point sur ses bords.

8°. Enfin, que l’œil ne soit pas trop ouvert : plus il est petit, plus il est beau.

L’auricule exige une terre bien préparée, dont moitié soit de terre franche, un quart de fumier de vache, enfin l’autre quart de vieux fumier de couches ou de débris de feuilles pourries ; le tout bien mélangé & amoncelé : six ou huit mois après cette terre doit être criblée afin de mieux diviser les parties, & amoncelée de nouveau sous un hangar, afin que la masse ne soit pas lavée par les pluies. Il convient cependant, lorsque la terre est trop sèche, d’ouvrir dans le monceau quelques trous, & d’y jeter de l’eau, afin d’entretenir une humidité sans laquelle il n’y a ni dissolution, ni décomposition, ni recomposition. Cette terre doit être préparée un an ou dix-huit mois à l’avance : un pot de quatre à cinq pouces de diamètre, sur autant de profondeur, suffit pour contenir chaque pied d’auricule.

Tous les trois ans on renouvelle la terre de chaque pot, & on replante les pieds après les avoir débarrassés des filleules superflues ou œilletons, qui servent à multiplier & à conserver les espèces. On a grand soin dans la replantation d’examiner si la mère racine ou partie charnue est saine. Dans le cas contraire on ampute jusqu’au vif tout ce qui est gâté. On ménage les racines fibreuses, on les raccourcit un peu, & on supprime le chevelu qui tapissoit les parois du pot. Après l’opération, on donne une bonne mouillure, afin que la terre s’unisse exactement aux racines. Si on place les pots à l’abri du soleil, la reprise sera prompte & assurée. La fin de l’hiver est l’époque à laquelle le dépotement s’exécute. Il convient, à la même époque de l’année suivante, de détacher toute la couche de terre de la superficie du pot, & autant qu’on le peut celle de ses côtés, pour lui en substituer une nouvelle. Cette opération donne beaucoup de vigueur à la plante, parce qu’elle lui fournit beaucoup de sucs nourriciers. L’auricule demande à être enfoncée en terre jusqu’à la naissance des feuilles, mais pas au-delà.

On appelle œilletonner, séparer du tronc principal les petits troncs qui partent de ses côtés, ou plutôt du collet de la mère racine. Cette divi-