mois plutôt feuillé dans le bas-Languedoc, dans la Provence, &c. que dans nos provinces du Nord ; cependant il est presqu’aussitôt défeuillé dans l’un & l’autre climat. Il est rare que dans le nord des gelées se fassent sentir avant le mois de novembre, & les gelées blanches sont très-communes au midi vers cette époque, sur-tout dans les cantons qui ont pour abri des chaînes de montagnes. Cette crainte des premiers froids est un reste d’habitude du pays originaire, qui est beaucoup plus chaud que celui où il a été transplanté. Cette chute des feuilles annonce que quinze jours ou trois semaines après, le cours des différens fluides dans le tronc de l’arbre, sera arrêté, & qu’on pourra le transplanter. Cependant on remarquera encore que le suc laiteux est visible, & qu’il ne le sera pas après l’hiver ; malgré cela, on ne court aucun risque de planter à la fin de novembre.
Le mûrier est peut-être celui de tous les arbres qui se prête le plus aux caprices de l’homme. J’ai vu dans le Lyonnois des mûriers de trois à quatre pouces de diamètre, être plantés pendant la seconde séve, & reprendre dans une balme très-sèche. Ils ne donnèrent pas, il est vrai, des feuilles avant l’hiver, mais leur végétation fut très-forte l’année suivante, quoique leur lactation n’eût pas été mieux soignée que celle des arbres les plus communs. Ces exemples ne sont pas rares dans les provinces méridionales. On y plante le mûrier en tout temps, & principalement au renouvellement des deux sèves. Cette transplantation seroit-elle avantageuse dans les Provinces du nord ? Je l’ignore.
Il y a une disproportion étonnante entre la grosseur & la hauteur des arbres dans une pépinière. La cause se présente d’elle-même. On a supposé qu’en levant le semis on a rejeté tous les plants dont la grosseur n’excédait pas une plume à écrire. Les plants préférés ont donc tous à peu près la même grosseur, & la différence qui se trouve alors entre eux, relativement à la grosseur, n’est pas en proportion à celle qui subsistera lorsque le temps de la transplantation viendra. En effet, on trouve dans une pépinière, au commencement de la troisième année, quelques centaines de pieds propres à être replantés ; un tiers à la quatrième, un autre tiers à la cinquième, & ce qui reste est appelé rebut de pépinière. Ces différences démontrent (toutes circonstances égales) que les pourrettes dont on a le plus morcelé, écourté, châtré le pivot, les racines & les chevelus, ont eu plus de peine à reprendre, à pousser de nouvelles racines, de nouveaux chevelus, &c. Mais si cette pourrette a été plantée avec les soins & les attentions indiqués, on ne remarquera certainement pas cette différence frappante de grosseur, & tous les arbres de la pépinière seront en état d’être replantés à la troisième année, parce que leur tronc aura au moins trois pouces de diamètre. Le pépiniériste ne trouve pas son compte dans cette uniformité ; il vend ses arbres en détail, saison par saison ; mais elle sera toute à l’avantage du cultivateur qui se dispose à de grandes plantations.
On a le plus grand tort de planter des arbres dont la base du tronc n’a que douze à dix-huit lignes de diamètre ; comme les canaux séveux sont encore peu serrés, il monte