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& les autres physiques : dans les premières, on doit compter les vives passions de l’ame, comme la joie, la tristesse, la colère, les chagrins les plus cuisans, un amour malheureux, des désirs rendus vains ou mal satisfaits, & tout ce qui peut porter une impression trop vive, sur les nerfs.

Les causes physiques sont celles qui attaquent un organe quelconque, tant dans ses parties solides que fluides ; elles sont plus nombreuses & plus difficiles à combattre. Il en est même qu’on ne peut surmonter par aucun moyen salutaire.

Aussi doit-on regarder comme incurable la palpitation qui dépend d’un polype & d’un anévrisme au cœur, de l’ossification de ce viscère, des abcès & des pierres trouvées dans sa propre substance, de la callosité, de l’excroissance de l’ulcère, de la concrétion avec le péricarde. La pléthore, l’épaississement du sang, la suppression des évacuations accoutumées, la répercussion de quelque humeur dartreuse, la vie trop sédentaire, l’abus des liqueurs spiritueuses, un exercice trop fort, une marche excessive & trop long-temps soutenue, l’embarras des premières voies, Un amas de vers dans l’estomac, le dépôt d’une humeur âcre sur le cœur, l’exposition au grand froid, l’insomnie, les veilles opiniâtres, enfin tout ce qui peut empêcher le sang de circuler librement dans le cœur, peut déterminer cette maladie.

La palpitation du cœur n’est pas toujours une maladie essentielle : on l’observe souvent dans les fièvres intermittentes, dans l’affoiblissement de forces & la suite des évacuations excessives, comme les pertes. Elle est regardée comme un très-mauvais signe dans les affections scorbutiques, dans la pthysie & la petite vérole. Les corps trop mobiles, comme ceux des historiques & des hypocondriaques, pour peu qu’ils s’abandonnent à quelque vive passion de l’ame, qu’on interrompe leur sommeil dans le temps des règles, dans leur suppression, ou qu’on croise leurs idées, tombent dans la palpitation qui cesse dès qu’on a remédié à l’excessive mobilité du corps. Les méthodes de traitement sont relatives aux causes de la maladie : si elle dépend d’une trop grande abondance du sang, on emploiera avec succès la saignée qui sera plus ou moins répétée, suivant les bons effets qu’elle aura produits : on aura recours à l’émétique, si un amas de glaires accumulées sur l’estomac, occasionnoit la palpitation ; on combinera même les purgatifs avec les vermifuges, tels que le mercure doux, la cornaline de Corse pour procurer l’évacuation des vers.

On opposera à l’épaississement du sang les délayans, tels que le petit lait, les tisanes faites avec les plantes chicoracées, la bourrache, la fumeterre ou l’allelulia, autrement dit oxalis. On appliquera des vésicatoires pour attirer l’humeur morbifique en dehors, si l’on soupçonne sur le cœur, ou sur ses parties voisines, une métastase de quelque humeur qui s’étoit fixée sur la peau depuis long-temps. Le bon régime de vie, la sobriété, le repos, la tranquillité de l’ame sont expressément recommandés à ceux qui sont attaqués de la palpitation, pour avoir fait des excès dans le boire & le manger, dans les veilles & les fatigues. Les antispasmodiques, tels