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mêmes pour les arbres nains pour les taillis ; la seule différence est dans la largeur de la fosse qui doit être proportionnée à l’étendue de toutes les racines.

On n’est point d’accord sur la hauteur qu’on doit laisser à la tige des arbres à plein vent. Les uns la veulent de cinq pieds, les autres de six à huit ; il s’agit de s’entendre, & tous auront raison. Dans un champ maigre, que l’on sacrifie en entier aux mûriers, & dans lequel les troupeaux ne doivent pas entrer, une tige de cinq pieds est suffisante, parce qu’il faut plutôt consulter la facilité de la cueillette des feuilles, que les récoltes que ce champ pourroit absolument parlant donner.

Si le sol est bon, s’il est tout planté en mûriers, & qu’on lui demande une récolte en grains, ce n’est pas trop de demander sept, huit à neuf pieds de tige, & beaucoup d’élévation dans les branches, afin que le soleil & l’air se portent librement, sur les blés.

Si le sol est bon, & qu’il s’agisse de border un chemin, l’ordonnance établit que les branches seront élevées à la hauteur de quinze pieds, afin de ne pas gêner la voie publique ; dès lors, une tige de sept à huit pieds devient nécessaire. Mais fixer décidément ces différentes hauteurs, c’est induire en erreur. La règle la plus sûre, est de proportionner la hauteur à la force du pied. Un tronc efflanqué exige un tuteur ; malgré cela, il se tourmente sous la pesanteur de ses branches.

Je reviens à la manière dont le cultivateur éclairé enlève ses arbres de la pépinière qui, à coup sûr, ne ressemblera pas à celle des vendeurs d’arbres. Que fera-t-il des pieds dont le diamètre ne sera pas dans la proportion demandée ? Il les destinera à être plantés comme des arbres nains, ou en taillis : objets dont on va s’occuper.

J’observerai, avant de finir cet article, que le mûrier est encore un des arbres qui souffre le moins de la replantation, quoique le tronc soit déjà d’une certaine grosseur. J’ai fait replanter des mûriers âgés de plus de vingt cinq ans, dont le tronc avoit depuis huit jusqu’à dix pouces de diamètre, & dont la tige n’avoit pas plus de quatre à cinq pieds d’épaisseur. J’en ai étêté quelques-uns ras le tronc, & à d’autres j’ai laissé la naissance des grosses branches sur la longueur d’un pied. Ces arbres furent enlevés avec le plus grand nombre de racines & avec grand soin, & arrosés deux fois dans la première année. Leurs pousses ont été très-belles & prodigieuses à la seconde & à la troisième année. Je viens d’en faire enterrer une grande partie, c’est-à-dire, couvrir de terre le tronc & les branches, de manière qu’il ne sort de terre que l’extrémité des branches. Ils sont dans cet état, depuis le commencement de juillet, & aujourd’hui dernier jour d’octobre, leurs feuilles sont plus vertes que celles des autres. Ces arbres périront-ils ? quand périront-ils ? l’expérience en décidera. Au quinze avril 1786, ces arbres sont en pleines feuilles, & végètent très-bien.

CHAPITRE VII.

De la conduite du Mûrier à plein vents nain & en taillis.

Si on a planté le mûrier à la fin de