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L’autre bout de la crosse répondant à la terre, doit être courbé & percé d’une entaille qui sert à passer une cheville que l’on enfonce dans le sol. Les coins du parc n’ont pas besoin de chevilles ; on en lie ensemble les deux montans au moyen d’une corde. La longueur de ces claies doit, ainsi qu’il a déjà été dit, dépendre de la pesanteur qu’elles auront & qui est relative à la qualité du bois & à la manière plus ou moins serré dont on a placé chaque baguette. Il seroit possible de faire des parcs excellens, & sur-tout très-légers, avec le roseau des jardins, (consultez ce mot) très-commun dans les provinces méridionales du royaume. On ne doit, dans aucun cas, faire parquer des troupeaux sur un champ, qu’il n’ait été travaillé par un bon labour croisé. La terre nouvellement soulevée s’imprègne mieux des urines ; les crottins sont enterrés en grande partie par le piétinement des animaux, & la superficie du sol est tellement rendue égale, qu’à peine s’aperçoit-on des sillons tracés par le labourage de la veille.

L’étendue du parc doit être proportionnée au nombre des bêtes, ou au temps, qu’elles doivent demeurer dans la même place, ou enfin à la saison ; car les troupeaux amplement nourris d’herbes fraîches, urinent & fientent beaucoup plus que ceux qui ne trouvent qu’un pâturage rare & sec. Aussi est-on dans le cas de changer deux & même trois fois le parc dans une nuit, si elle est un peu longue. En général, chaque bête à laine de la grosse espère & bien nourrie, peut fumer une étendue de dix pieds quarrés, & moins, si elle est d’espèce plus petite, ou si elle est mal nourrie. D’après cette donnée, & en supposant dix pieds de longueur aux claies, douze de ces claies suffisent pour un parc de quatre-vingt-dix bêtes, dix-huit pour deux cent, vingt-deux pour trois cents.

La manière de construire le parc du lendemain ne diffère pas beaucoup de celle de la veille, & c’est toujours la même opération que l’on répète.

Si le champ & si le troupeau qui parque appartiennent au berger ou à son père, il ne manquera pas, dans la nuit, de se lever plusieurs fois, & chaque fois de réveiller les bêtes, & de les obliger à changer de place & à se tenir debout au moins pendant quelques minutes, parce que, chaque fois qu’elles se lèvent, elles fientent ou urinent. Dès-lors le sol se trouve engraissé d’une manière plus uniforme. Si le berger est simplement à gages, il ne prendra pas cette peine, & aimera mieux dormir paisiblement sous la sauve-garde de son chien.

Au lieu de faire un second parc pendant la nuit, opération qui entraîne après elle un temps toujours regretté par le berger, il vaut mieux avoir un double parc placé à-côté du premier, ou simplement un parc en deux parties séparées par une simple cloison. Alors quelques momens suffisent pour faire passer le troupeau d’un parc dans un autre. Dans le cas du second parcage nocturne, on doit tenir les bêtes plus serrées dans le premier, afin que sa place soit également fumée.

La cabane du berger est une maisonnette de six pieds de longueur sur quatre de largeur & autant de