Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/554

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aussi à la fin s’épuiser elle-même. »

» 6°. Quand on est obligé de réparer les murs, il est presqu’imposiible que les arbres plantés presque perpendiculairement, ne souffrent beaucoup de dommage tant de la part des ouvriers, que du plâtre & du mortier dont on se sert, & qui est funeste à ces arbres, au lieu qu’étant éloignés d’un pied, on les dépalisse, on les tire sur le devant, on les attache à un pieu avec une corde, & les ouvriers travaillent avec une entière liberté. Quand on plante un arbre au pied d’un mur, il a environ un pouce ; mais quand il est parvenu à en avoir cinq ou six, que veut-on qu’il devienne ? J’en ai vu dont l’écorce étoit tellement aplatie du côté de la muraille, que la saillie des pierres y étoit imprimée. Outre inconvénient d’une telle contrainte, il faut de nécessité les abattre quand il est question de rebâtir le mur.

» Après que les trous destinés à recevoir ces arbres sont remplis à dix-huit pouces près, je laisse un pied franc depuis le mur jusqu’à l’ouverture du trou, & je cambre mon arbre de façon que sa tête touche au mur, tandis que sa tige en est à un pied de distance ; s’il a un courbe, je mets le côté creux en devant & le fort du côté du mur. À l’égard des arbres nains, j’abats leur tête, je la tiens plus longue, suivant la hauteur de la greffe, pour qu’elle approche du mur, en supprimant les yeux du bas & réservant ceux d’en haut qui, sans être forcés, doivent joindre le mur. Je conviens que suivant ma méthode les racines du côté du mur seront fort enfoncées dans la terre, tandis que du côté du sentier, elles seront près de la superficie, mais il n’en résultera ni inconvéniens ni dommage pour les arbres. Les racines ne se porteront que foiblement du côté de la muraille, tandis que, s’étendant en superficie vers le sentier, elles plongeront en terre. Le jardinier, en labourant, ne fera simplement que planer au pied. Pour éviter qu’on offense les souches de ces jeunes arbres, j’y mets un petit piquet de chaque côté. »

» La raison qu’on m’alléguera, prise du mauvais effet que produiront des arbres espacés d’un pied du mur avec d’autres déjà plantés perpendiculairement, n’est pas capable d’arrêter, à moins qu’on ne préfère, un peu de régularité à la possession d’arbres sains, abondans en fruits & de longue durée. Cette raison de difformité s’évanouit en ne plantant que des nains le long des murs, d’une hauteur médiocre, & en les plaçant à la distance convenable. »

Je ne parlerai pas de la distance que l’on doit laisser d’un arbre à l’autre. Cet objet a été traité à l’article espalier, tom 4, page 234.

L’amandier & le pêcher sont, dit-on, les plus fous de tous les arbres, parce qu’ils se hâtent, & souvent très-mal à propos, de fleurir & qu’ils sont surpris par les gelées. Cette propension si décidée à une prompte végétation, indique l’époque à laquelle ces arbres doivent être plantés. (Consultez l’article Amandier) Cependant, comme il n’est pas fréquent de voir cette végétation précipitée, & comme les arbres nouvellement plantés poussent beaucoup plus tard que les autres, on attendra la fin de l’hiver, pour couper la tige à la hauteur que l’on désire, & suivant la force de l’arbre.