Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/623

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du ventricule droit au ventricule gauche, à travers les lobes du poumon, jusqu’à ce qu’enfin il s’en soit amassé une quantité suffisante dans le cœur, pour déterminer ce muscle à une contraction forte & vigoureuse ; c’est ce qui fait que le pouls bat de temps en temps une ou deux fois avec force, & devient bientôt derechef mol, petit, souvent intermittent. Cette irrégularité du pouls est un signe qui annonce la mort prochaine de l’animal. Les bœufs qui sont atteints de l’une de ces deux espèces de péripneumonie, lorsqu’ils touchent au dernier période de la maladie, ne se couchent point, & si l’extrême foiblesse qu’ils éprouvent les oblige à se coucher, ils se rélèvent tout à coup, & tiennent autant que leur peu de force le leur permet, l’encolure, la tête élevé, & le nez au vent, pour respirer plus facilement ; enfin, si le délire & les anxiétés terribles qu’ils éprouvent, ne les frappent pas de mort, l’horripilation, le froid des oreilles & des extrémités, la foiblesse, l’accélération extrême & l’intermittence du pouls, ne tardent pas à se manifester & à annoncer au vétérinaire instruit, que la mort est prochaine.

La résolution seroit l’unique terminaison à laquelle on pourroit s’attendre dans l’occasion présente ; mais il faudroit que la matière de l’obstruction ne fût pas devenue trop solide, & que l’obstruction elle même fût peu considérable, pour qu’un véhicule délayant fût capable d’entraîner l’obstacle : or, aucune de ces conditions ne se trouve lorsque la péripneumonie est violente ; il y en a plutôt de toutes contraires ; d’ailleurs, tout ce qui entre d’aqueux dans le corps du bœuf atteint de cette espèce dé péripneumonie, sous quelque forme que ce puisse être, comme bains, boissons, vapeurs, lavemens, &c., est pompé par les veines & porté en conséquence au ventricule droit du cœur ; mais ce même véhicule aqueux ne pouvant se mêler avec le sang stagnant, qui occupe & engorge la plus grande partie des vaisseaux du poumon, il passe tout entier dans le ventricule gauche, & ne sert par conséquent qu’à entretenir ainsi un foible reste de vie prête à s’éteindre : de plus, une résolution douce & bénigne exige un mouvement calme & modéré dans les liqueurs, ici les boissons ne pourroient que l’accélerer, par ce qu’elles rendent plus grande la masse du liquide qui doit traverser le poumon, ce qui ne peut qu’en augmenter le mouvement, en passant dans le même espace de temps dans le peu de vaisseaux qui sont demeurés libres. Les saignées abondantes, remède le plus efficace de tous dans les maladies inflammatoires, est ici d’un foible secours, puisqu’on enlève par la saignée le peu de sang qui pouvoit encore passer par le poumon, & qui étoit le soutien de la vie ; & de plus à quelque degré qu’on diminue la masse des fluides, ce qui reste n’en est pas moins obligé de circuler par le poumon. La saignée révulsive, dont on tire un si grand parti dans les autres inflammations, ne peut avoir lieu dans le cas présent, ni même la rétropulsion de la matière inflammatoire des ramifications dans les troncs ; car l’état de plénitude des deux branches de l’artère pulmonaire, s’oppose à ce dernier effet, lorsque l’un & l’autre lobe du poumon sont pris en même temps d’une violents inflammation ; de