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pèce de pois a cela de particulier, qu’il craint peu les pluies même abondantes de la fin de l’automne.

Dans les provinces du nord, lorsque l’on sème des pois chiches on a plus en vue la nourriture du bétail, au printemps, que la nourriture des hommes. On fauche à plusieurs reprises les tiges de ces plantes, & on ne conserve qu’une certaine quantité de plantes afin d’avoir des semences pour l’année d’après. Dans les provinces du midi, au contraire, on désire plus la récolte des pois, & même, généralement parlant, on ne désire qu’elle, parce qu’elle sert d’aliment aux hommes ; les tiges sèches sont données au bétail & aux troupeaux.

Il résulte de cette différence, que dans le nord ce genre de culture alterne les terres & les seconde, (Voyez ce mot) tandis que dans le midi elle les appauvrit parce qu’on n’y enfouit pas par la charrue le reste des tiges & des racines comme dans le nord ; d’ailleurs, comme il ne reste à ce sol aucuns débris de la plante, elle s’est appropriée les sucs nourriciers sans lui en rendre aucun.

Dans le nord, il vaut mieux faucher la plante & la donner au bétail après l’avoir laissé un peu faner, que de mettre le bétail sur le champ. La première méthode donne plus de peine, il est vrai, puisqu’elle exige le travail de la faulx & le transport de l’herbe du champ à la métairie ; malgré cela on y trouvera une grande économie, parce que le bétail & les troupeaux gâtent par leur piétinement plus d’herbe dans ces champs, qu’ils n’en consomment.

Dans les provinces du midi on ne travaille point assez les champs destinés aux pois chiches, on se contente de labourer & de croiser coup sur coup le premier labour ; mais comme la charrue dont on se sert est l’araire décrite par Virgile, (consultez le mot Charrue) le terrain se trouve tout au plus bien défoncé à trois ou quatre pouces de profondeur ; je demande au contraire qu’il soit travaillé avec autant de soin que celui qu’on a préparé pour le blé ; c’est dira-t-on beaucoup de travail pour une petite récolte ; j’en conviens, mais ce travail ne sera pas perdu, la récolte du blé (toute circonstance égale) prouvera ensuite que la terre ne demande qu’à être travaillée long-temps à l’avance, & que dans cet état elle profite bien mieux des amendemens météoriques. (Consultez ce mot.)

Au dernier labour, une femme ou un enfant suivent la charrue & sèment dans le milieu du sillon ; lorsque tout le champ est ainsi disposé, on le herse en entier. Il ne reste plus, quand les plantes sont bien sorties, qu’à serfouir de temps à autre afin de détruire les mauvaises herbes.

M. Hall, dans son Ouvrage intitulé le Gentilhomme Cultivateur, parle d’une espèce de pois qu’il appelle petit pois chiche d’été, afin de le distinguer de celui d’hiver qui est plus gros. Je ne connois pas cette espèce ; il dit, en parlant de l’Angleterre, on sème le petit pois chiche vers la mi-février. Les pluies qui surviennent ordinairement dans cette saison le font pousser, de sorte que, pour peu que le temps soit favorable, on peut le couper vers la fin de mai, ou du moins au commencement de juin, ou bien on peut le faire manger sur le terrain. Le pois chiche d’hiver est beaucoup plus précoce que celui d’été,