Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/349

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d’Emportes prétend que l’eau-de-vie tempérée par poids égal d’eau tiède, doit avoir la préférence sur le vinaigre, d’autant que celui-ci par son âcreté crispe trop les lèvres de la plaie… On fera bien de tenir pendant quelques jours les animaux auxquels on fait cette opération, à un régime rafraîchissant, c’est-à dire, de leur donner de la verdure, telle que de la laitue, des cardes poirées, du son d’orge & du seigle bouilli dans une suffisante quantité d’eau ; en suivant cette méthode, on est sûr de ne point perdre de volaille ».

Cours de ventre. « Cette maladie est occasionnée par une trop grande quantité de nourriture humide. Quand les poules en sont attaquées, on fera bien de leur donner pendant quelques jours des cosses de pois, après les avoir fait tremper auparavant dans de l’eau bouillante ; & quand on ne parvient pas à suspendre le flux par ce régime, on fait bien d’y ajouter un peu de racine de tormentille réduite en poudre ; cependant le remède qui produit le plus prompt effet, est la raclure de corne de cerf impalpable ; on en met infuser une pincée dans du bon vin rouge & on en donne sept ou huit gouttes le matin & autant le soir ; mais pour faire usage de ce remède, il ne faut pas que le cours de ventre soit occasionné par une indigestion ; il deviendroit pour lors funeste à l’animal ; aussi ne doit-on l’administrer ni le premier ni le second jour, parce que les indigestions peuvent durer autant ; mais seulement le quatrième & le cinquième, parce qu’alors on peut être sûr que l’animal est attaqué du cours de ventre.»

La Constipation. « On peut l’attribuer à une trop grande quantité de nourriture sèche & échauffante. Les criblures de blé, l’avoine, le chenevis continués trop long-temps à la volaille, la rendent sujette à cette maladie. On la guérit en lui donnant pendant long-temps du pain trempé dans du bouillon de tripes ; mais il arrive quelquefois que le mal ne cède point à ce remède ; il faut pour lors avoir recours à l’écume du pot, que l’on ôte avec l’écumoire ; on y ajoute un peu de farine de seigle avec la laitue hachée bien menu ; on fait bouillir le tout ensemble & on le donne pour le régime ; mais si le mal s’opiniâtre & se refuse encore à ce remède, on aura recours à un peu de manne qu’on délaye dans la composition précédente & à laquelle, pour cet effet, on donne un peu plus de liquidité. On y met tremper du pain, la volaille en mange, & l’expérience prouve qu’il ne se trouve aucune constipation qui ne se dissipe par ce régime ».

Ophtalmie ou inflammation des yeux. « On en distingue deux sortes, l’une qui provient d’une grande chaleur intérieure, & qui reconnoît souvent pour cause le trop grand usage de chenevis & d’autres graines aussi échauffantes, & l’autre est appelée fluxion catarrheuse, qui est occasionnée par une nourriture trop humide, ou par la qualité de l’air qui dans certain temps est si humide & si chargé de brouillards, que les hommes en sont même incommodés. M. Hall dit avoir employé avec succès dans le premier cas,