qualité nutritive, réunira encore celle de beaucoup taller par le pied, & de fournir des tiges élevées. Mais doit-on multiplier les espèce de plantes graminées qui fournissent, beaucoup de fourrage & de bonne qualité ? une funeste habitude étayée d’adages peu réfléchis, induit le propriétaire en erreur. Si une espèce, vous dit-on, ne donne pas cette année, elle sera suppléée par une autre, & par ce moyen vous assurez votre récolte. Tout est faux & nuisible dans cette assertion. Il ne s’agit pas ici de la vigne où cet adage peut être de quelque utilité, attendu que le retard plus ou moins long entre la fleuraison de certaines espèces, fait que l’une échappe à la coulaison, tandis que l’autre y succombe ; mais comme on ne demande à l’herbe aucune graine, l’époque de sa fleuraison & sa manière de la passer sont très-indifférentes, il s’agit seulement d’avoir beaucoup d’herbe & on n’aura la quantité désirée que lorsque le printemps sera pluvieux ; alors les graminées pousseront avec une force égale.
L’expérience de tous les siècles & de tous les climats, prouve que deux espèces de graminées quelconques n’ont strictement ni la même époque de fleuraison ni de maturité, ni une force de végétation égale, d’où il arrive nécessairement, dans le premier & dans le second cas, qu’une partie de l’herbe est mûre tandis que l’autre ne l’est pas, & par conséquent, qu’il faudra retarder la fauchaison ; il résulte de ce mélange que ce qu’une espèce gagne en maturité, l’autre le perd par trop de maturité ; dès-lors on n’aura que la moitié de la récolte prise à point. Quant à l’inégalité de force dans la végétation, c’est où réside un abus aussi démontré que les deux premiers. Il est dans l’ordre naturel que le plus fort détruise le plus foible. Une plante a, par exemple, une force de végétation comme 10, tandis que celle de la plante voisine est comme 4, il s’ensuit que les graines de ces plantes semées ensemble, végéteront à peu près également pendant la première année, parce qu’elles trouveront toutes à étendre leurs racines, mais peu à peu la plus active devancera la plus foible, toutes deux en souffriront jusqu’à ce qu’enfin la plus vigoureuse triomphe. Il ne restera plus à cette époque que des plantes vigoureuses, égales en végétation, & dès-lors susceptibles de se tenir toutes en équilibre de vigueur, & forcées de vivre ensemble. On voit sans peine que jusqu’à ce que la généralité des plantes soit parvenue a cet état d’égalité, elles ont eu à souffrir, & on a eu pendant plusieurs années une récolte bien inférieure à celle qu’on devoit attendre ; un exemple en grand prouvera ceci mieux que le raisonnement. L’orvale, ou autrement appelée toute bonne, toute-saine, sclarèe, malheureusement trop commune dans les prairies basses, végète doucement pendant la première année avec les graminées ; elle nuit peu à leur végétation, on ne la distingue même pas au milieu de leurs tiges ; mais petit à petit ses feuilles s’allongent, s’agrandissent, & après la troisième ou la quatrième année, elles couvrent une surface de 15, 18 à 20 pouces de diamètre, sur laquelle il ne vient pas un autre brin d’herbe Mais comme la graine de cette plante est mûre avant l’époque de la première ou de