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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/375

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la seconde fauchaison, elle tombe, germe, continue ses ravages, & peu à peu dévaste une prairie, ou du moins diminue ou d’un quart ou d’un tiers ou même de moitié son produit. Que conclure de ces raisonnemens prouvés par l’exemple ? le voici : tout propriétaire intelligent ne sèmera qu’une espèce de plante graminée lors de la formation d’une prairie, & choisira celle de l’espèce qui réussit le mieux dans son canton. On dira peut-être que l’orvale n’est pas une graminée, & qu’entre les plantes de cette espèce, aucune ne fait un si grand dégât. Je réponds que lorsqu’on cite un exemple, il faut qu’il soit frappant, & que quoique la différence de végétation de chaque espèce de graminée ne soit pas aussi palpable, elle n’en est pas moins réelle, & par conséquent, dans son genre moins nuisible. Cet objet sera pris en considération dans la suite de cet article.


Section première.

Des planes graminées.

Ce seroit un travail très-considérable s’il falloit décrire tomes les graminées des prairies, d’après la méthode adoptée pour les autres plantes dent il est fait mention dans cet ouvrage ; cependant le peu que nous dirons de chacune en particulier, suffira pour faire connoître leur fleuraison, & distinguer sans peine un genre d’un autre. La nomenclature a des noms triviaux qui varient d’un canton à l’autre, & qu’il est impossible de transcrire ici ; elle forme un vice essentiel dans la science agricole ; je serai donc forcé, à l’exemple des botanistes françois, à franciser les noms latins & à les appliquer aux plantes qui n’ont pas une dénomination généralement adoptée. Ce sera aux propriétaires à en faire l’application aux graminées de leurs prairies.


Flouve odorante graminée, à deux étamines & deux pistils[1].


I. Planche XXV, Fig. I… anthoxanthum odoratum. Lingramen anthoxanthum spicatum. Tourn.

Tige haute de 8 à 10 pouces, simple & garnie de deux ou trois articulations ; elle se termine par un épi légèrement jaunâtre ; les feuilles sont un peu velues & assez courtes ; le calice de la fleur est une balle formée par deux valves a, renfermant une fleur chargée de barbes, portée sur un court péduncule. La corolle est une valve formée par deux valves aiguës ; le fruit est une semence solitaire ; b & c marquent les pistils surmontés en hauteur par les deux étamines. L’épi qui porte ces fleurs est lâche & d’un pouce ou un peu plus ; cette plante est commune dans les prairies, plaît aux bestiaux & donne au foin une agréable odeur.

2°. Sur les montagnes des provinces méridionales on trouve une autre Flouve à pannicules, anthoxanthum paniculatum, LIN. c’est-à-dire, dont

  1. La Flore françoise de M. le Chevalier de la Mark, & les additions aux Démonstrations de Botanique de l’École Vétérinaire, par M. Gilibert, docteur en médecine à Lyon, m’ont servi à rédiger cet article, & je m’empresse de leur témoigner ma reconnoissance.