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rejetons qu’on a transportés ailleurs, ont perdu cet avantage qu’ils ne devoient qu’au climat. »

» Ce fut vers le temps de la prise de Rome par les Gaulois, qu’on apporta le platane en Italie ; depuis ce temps on l’y a prodigieusement multiplié. Les trop fameux jardins de Saluste en étoient remplis, & le luxe des jardins y devint si excessif, qu’on plantoit des forêts à l’aspect du midi, pour défendre du chaud les maisons de plaisance. Pline & Horace déplorent cet abus. Le platane étoit devenu, pour ainsi dire, un objet de culte, puisqu’on lui faisoit des libations de vin, qui lui procuroient, dit-on, une végétation étonnante. »

» Cet arbre a été long-temps oublié en Europe, le lord Bacon a été le premier qui l’ait fait transporter en Angleterre, dans ses jardins de Vérulam. »

Il n’est guères bien connu en France que depuis 1754, que Louis XV fit venir d’Angleterre, une certaine quantité de jeunes pieds, & qui furent placés aux environs de Trianon, où ils ont parfaitement réussi. Le plus ancien que l’on connoisse en France, est au Jardin Royal des plantes de Paris ; il y a environ 80 ans qu’il y a été planté. M. de Buffon, semblable au Lord Bacon, est le premier qui ait enrichi ses jardins de ce bel arbre.

Description du genre.

Les fleurs mâles sont séparées des fleurs femelles, mais sur le même pied ; le chaton a une forme ronde ; le calice est formé par quelques découpures très-petites ; la corolle est à peine visible, les fleurs femelles sont rassemblées en boules, composées de plusieurs petits pétales concaves, de quelques écailles qui tiennent lieu de calice, & de plusieurs pistils, dont les styles sont en forme d’alène ; le stigmate est recourbé.

Les fruits sont ramassés en boule, consistant en plusieurs semences presque rondes, surmontées d’un filet en forme d’alêne, & fixées sur des poils qui composent une espèce de houppe.

Description des espèces.

Von-Linné ne compte que deux espèces, le Platanus orientalis, & le Platanus occidentalis, & il a raison. Les autres platanes sont des variétés de l’une ou de l’autre de ces espèces.

Platane d’Orient ; ses feuilles portées par de longs pétioles, sont simples, entières, très-grandes ; palmées, c’est-à-dire, découpées en cinq parties, imitant les divisions de la main, d’un vert luisant par-dessus, un peu velues & nerveuses en dessous.

Le platane forme un très-grand arbre dont la tige s’élève, droite & nue jusqu’à son sommet, & dont la tête forme une touffe très-serrée. L’écorce est d’un blanc gris, elle se détache d’elle-même par lambeaux semblables à des morceaux de cuir brun. Son bois est blanc & compacte. Les graines ou boules naissent au nombre de trois ou quatre, le long d’un pédoncule commun, qui a souvent plus de demi-pied de longueur.

Il croît naturellement dans les terrains incultes de l’Asie, de la Tauride, de la Macédoine, dans les isles de Lemnos & de Crête.