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ne se dessèche. Cette précaution est plus nécessaire pour les provinces du nord du royaume, que pour celles du midi où les hivers ne sont jamais très-rigoureux. J’ai semé, à la fin de l’hiver, des graines qui étoient restées exposées à toutes les vicissitudes de l’atmosphère, depuis le moment de leur chute jusqu’à la fin de février, & elles n’en ont pas moins bien levé & germé. Cependant la précaution dont on vient de parler, n’est pas à négliger ; elle donne si peu de peine dans les provinces du midi. On sèmera aussitôt après la chute des graines. Les semis n’exigent aucun soin particulier ; on peut les faire dans des caisses, dans des pots, ou en pleine terre. La graine lève promptement, & celle qui après trois semaines n’a pas germé, est une graine entièrement perdue, en observant cependant que la graine mise en terre aussitôt après la chute du fruit, ne germera & ne lèvera que lorsque la chaleur ambiante sera au degré qui convient à sa végétation ; cette règle n’est donc que pour les semis faits au milieu d’avril.

Le platane de Virginie exige un sol plus gras & plus humide que celui d’Orient ; mais il craint les fonds tenaces & argileux. Il aime les coteaux, les bords des rivières, des ruisseaux, les sols sujets à des suintement, mais non les terrains aqueux sur la superficie. Dans toute terre fraîche, légère, & qui a du fond, cet arbre réussit à merveille.

Le platane d’Orient se plaît dans les terrains rocailleux, pierreux ; pourvu que les pierrailles soient unies à une bonne terre non tenace, & trop consistante : il se plaît sur les hauteurs sur les coteaux. Celui de Virginie mérite la préférence à tous égards, à moins que la nature du sol n’oblige de recourir à celui d’Orient.

On dit que les platanes ne pivotent pas. Cette assertion est hasardée. Que l’on prenne la peine d’examiner les pieds venus de semences, & l’on verra qu’ils sont garnis d’un bon pivot, & si à la transplantation on ne le coupe pas, à coup sûr il s’enfoncera en terre, il s’alongera, & grossira en proportion de la force de l’arbre, jusqu’à ce qu’il trouve un obstacle insurmontable. Quant aux boutures, il seroit surprenant qu’elles pivotassent, puisqu’elles ne poussent que des racines latérales ; mais si le sol lui convient, on verra que la plus inférieure tendra à pivoter.

L’époque à laquelle on doit faire les boutures est la fin de l’hiver, chaque cultivateur suivant le climat qu’il habite. La terre de la pépinière doit être défoncée sur une profondeur de deux à trois pieds, & le sol rendu meuble & léger s’il ne l’est pas. Comme la végétation de cet arbre est très-rapide, elle suppose qu’il a besoin de beaucoup de sucs nourriciers ; aussi du fumier bien consommé, du terreau de vieilles couches, mêlé avec la terre de la pépinière, produiront un très-bon effet ; si on n’a que de la terre forte, le meilleur moyen de remédier à ce défaut essentiel, est d’y ajouter beaucoup de sable & même du gravier, des recoupes de pierre, &c.

La bouture n’est autre chose qu’un bourgeon de l’année précédente, de la grosseur du petit doigt, dont le bois est bien aoûté, (consultez ce mot) que l’on réduit à une longueur de deux pieds. On enfonce en terre