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sur certaines plantes qu’il ne désigne point, sur les pailles & les bois pourris, & dans les liqueurs altérées ou aigries. On ne peut guère imaginer comment une telle composition donneroit un tout qui seroit une gomme très-aromatique. Bien des auteurs prétendent que les abeilles la recueillent sur les peupliers, les bouleaux & les saules. M. Riem, de la société économique de Lauter dans le Palatinat, assure que c’est sur les pins, & les sapins qu’elles vont la ramasser. Cette opinion est d’autant plus vraisemblable que la résine qui découle de ces arbres, nous montre les mêmes propriétés que la propolis, même odeur aromatique quand elle est brûlée, & même ténacité. M. de Réaumur qui a vu mille fois les abeilles se décharger de la propolis, qui a été témoin de la peine qu’elles ont à s’en débarrasser, &. de quelle manière elles l’emploient, n’a pu les observer dans les temps qu’elles faisoient cette récolte.

Dans toutes les ruches on trouve de la propolis, par conséquent partout elle est nécessaire aux abeilles, pour les travaux intérieurs de leur habitation ; cependant elles ne sont pas toutes à portée des saules, des peupliers, des bouleaux, ni des pins & des sapins : ces arbres la fournissent sans doute aux abeilles qui les ont dans leur voisinage ; mais quand elles en sont fort éloignées, où la prennent-elle ? Ne seroit-ce point trop se hasarder que de dire que toute gomme qui découle des arbres, principalement des cerisiers, des pruniers, des pêchers, des amandiers, peut servir aux abeilles pour fermer les ouvertures qu’elles veulent condamner dans leur habitation. Ce n’est-là qu’une simple conjecture que la seule expérience & de nouvelles observations peuvent vérifier. Ces sortes de gommes n’ont pas, il est vrai, l’odeur qu’a la propolis ; mais peut-être qu’en séjournant dans la ruche, elles contractent l’odeur agréable du miel & de la cire qui y sont contenus.


section III.

Comment les Abeilles font-elles la récolte de la Propolis ?

M. de Réaumur qui n’a pu surprendre les abeilles quand elles font la récolte de la propolis, les a observées dans une circonstance qui doit être la même, & qui offre les mêmes particularités, dans la manière dont elles s’acquittent de ce travail. Il ôta le bouchon du trou supérieur d’une de ses ruches, & quoiqu’il fût enlevé, il resta beaucoup à l’ouverture, de cette gomme tenace dont elles avoient eu soin de l’enduire & de la sceller ; comme elle n’étoit point desséchée de façon qu’elles ne pussent plus l’enlever, elles se mirent aussitôt à l’ouvrage pour profiter de ce qui en étoit resté. Cette récolte leur donne beaucoup de peine, & est très-difficile à faire ; ce n’étoit qu’après avoir travaillé fort long-temps, qu’elles venoient à bout d’en détacher un très-petit morceau, avec leurs dents, & lorsqu’elles y avoient réussi, une jambe de la première paire s’approchoit tout de suite des dents pour y prendre la petite portion qu’elles tenoient encore après l’avoir détachée & la passoit à la jambe