Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/510

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de tracer, ce qui est très-incommode pour les espaliers. Les pruniers greffés sur sauvageons élevés de noyaux, poussent moins de rejets que ceux greffes sur des sujets provenus de drageons enracinés, auxquels les boutures mêmes sont préférables.»

Je ne contredis point les propositions avancées par M. Tschoudi & par plusieurs autres auteurs très-recommandables ; comme je n’aime pas à juger d’après les autres, mais d’après mon expérience, j’ose affirmer que j’ai greffé tout aussi facilement & tout aussi sûrement sur les sujets de la plupart des Pruniers dont j’ai indiqué ci-dessus les espèces, que ces cultivateurs l’ont fait sur les sujets de cerisette ou de saint-julien. D’ailleurs je ne vois aucune raison valable qui me détermine à avoir des pruniers de taille médiocre. Si leurs bourgeons, leurs rameaux sont foibles, médiocres, pourquoi ne pas leur donner des pieds vigoureux ? la force de leurs bourgeons & de leurs branches ne peut qu’y gagner, & leur fruit n’en sera pas d’une qualité inférieure.

Je conviens que les noyaux des espèces déjà citées ne reproduiront pas leur espèce, & que le sujet qui en proviendra sera sauvageon ; mais ce sauvageon sera bien plus perfectionné que celui de la cerisette ou du saint-julien, &c. il mérite donc la préférence. Quant à la facilité & à la sureté de la greffe, elle est la même, je le répète, au moins quant à moi ; la différence de climat y feroit-elle quelque chose ? Je l’ignore. Je croirois bien plutôt que comme le fruit du saint-julien & de la cerisette n’a point ou presque point de valeur au marché, les pépiniéristes l’ont préféré pour ne rien perdre ; & l’habitude de l’employer est insensiblement venue à dicter la loi. Tout sujet de prunier quelconque, bien constitué, jeune, de grosseur convenable & pris dans la bonne saison, n’a jamais refusé la greffe, jusqu’à présent, du moins, je n’en ai vu aucun exemple.

2. Des drageons ou rejetons. La plupart des pruniers ont le défaut de pousser autour de leurs tiges & par leurs racines beaucoup de drageons ; (consultez ce mot) les pépiniéristes les conservent jusqu’à ce qu’il les jugent enracinés, & avant ou pendant l’hiver, ils les plantent en pépinière, afin d’avoir des sujets à greffer ; ils les ont sous la main ainsi que ceux qui leur en vendent, & la facilité fait qu’on en use ; cependant de pareils sujets devroient être bannis des bonnes pépinières, puisqu’ils fourniront à leur tour des arbres dont les racines & leur collet fourmilleront de drageons. Il n’est pas douteux que ces plantes parasites ne s’approprient la substance de l’arbre aux dépens duquel elles vivent, & ne s’en approprient beaucoup, puisque l’on voit souvent un ou plusieurs de ces rejets grossir & grandir fortement dans une saison, & même si on oublie de les couper, de les extirper, donner dans la seconde année un arbre tout formé. La cause de cette excessive attraction de séve, est que, semblables aux gourmands, (ils en sont effectivement dans leur genre) ils attirent toute la séve, & ils l’attirent vivement, parce que son canal est direct & perpendiculaire. C’est donc d’un côté une économie très-mal entendue relativement à l’arbre, & un objet très-désagréable à voir le long d’un espalier, dans