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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/523

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peu près ; ils sont tous environ du même âge, & paroissent au jour presque en même temps. Il en est tout autrement comme on voit de nos pucerons, & c’est encore une autre singularité qu’ils nous présentent.

Si on désire de plus grandes instructions sur ce sujet, on peut consulter les œuvres de M. de Réaumur, & particulièrement la dernière édition de celles de M. Bonnet.

S’il est agréable de connoître les mœurs des insectes, il seroit bien plus satisfaisant d’avoir les moyens de les détruire ou de les chasser de dessus les arbres précieux ; tels que les pêchers & les autres arbres de nos jardins & de nos vergers. En parlant de chacun de ces arbres en particulier, nous avons indiqué les insectes qui les tourmentent, & autant qu’il a été possible, les moyens de les en écarter. La plupart sont insuffisans, pénibles & longs à mettre en pratique, & la multitude de recettes présentées par différens auteurs prouvent l’espèce de foi qu’elles méritent. Un de mes voisins avec lequel je m’entretenois des pucerons & de leurs ravages, m’annonça que M. de Thosse, dans les Mémoires de la Société d’Agriculture de Paris, trimestre du printemps de l’année 1787, donnoit une méthode assurée pour les détruire ; comme je n’avois pas encore reçu ce volume, je le priai de me prêter son exemplaire, d’où j’extrais ce que l’on va lire :

« Dans le nombre des procédés qui ont été publiés pour écarter la troupe ennemie des pucerons, je ne trouve pas l’usage d’une substance très-propre à les détruire, & qui est un poison très-vif contre toute espèce d’insectes. La modicité du prix, la promptitude de l’exécution dans les différens cas où je m’en suis servi, doivent lui mériter l’attention des amateurs de l’agriculture ; cette substance est l’essence de térébenthine. Voici ce qui m’a conduit à en faire usage pour des objets tant de culture que d’économie rurale ».

« J’avois oui dire que les herbes d’une odeur forte, écartoient les insectes ; mais ce moyen n’est qu’un palliatif qui ne détruit pas la cause du mal ; il arrive d’ailleurs qu’on ne peut se procurer sur le champ de ces sortes d’herbes, & c’est ce qui m’a donné l’idée de me servir d’essence de térébenthine qui remplit le premier but par son odeur forte & pénétrante, & qui a rempli aussi le second en détruisant non-seulement l’insecte, mais même sa génération. Il y a quelques années qu’au mois de juin, une lice ayant mis bas quatre petits chiens, je me proposai de les élever ; au bout de quelques jours je vis ces jeunes chiens très-languissans, ils étoient dévorés des puces, on avoit beau les peigner, le nombre des puces ne diminuoit pas & mes petits animaux alloient périr ; je m’avisai de faire éponger la mère & les petits avec de l’eau tiède imprégnée d’essence de térébenthine, & je vis avec une agréable surprise, que chaque coup de peigne enlevoit une quantité prodigieuse d’insectes morts ; mes jeunes chiens reprirent bientôt leur vigueur & je les sauvai en répétant une seule fois l’opération dans le courant de l’été. Après cela je fis l’essai de l’essence pure sur plusieurs insectes ; quelques puces en furent touchées