Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/536

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puisse la manger ? A-t-on attendu, après qu’il a eu pris sa médecine, 4 à 5 heures avant que de lui donner des alimens ? Ces remèdes étoient-ils sous une forme sèche ou liquide ? Ces différentes formes ont-elles été sagement adaptées aux tempéramens des sujets, & le choix en a-t-il été réglé d’après la considération des alimens secs ou humides dont ils étoient nourris ? Les effets des purgatifs délayés ont-ils été comparés dans les uns & dans les autres de ces sujets à celui des pilules, des poudres qui travaillent quelquefois fortement les intestins de certains animaux, & qui en incendient le ventricule par leur fixité & par leur séjour dans une partie quelconque de ses parois ? A-t-on eu égard aux climats, aux saisons, aux temps où l’âpreté & la rigueur du froid étant excessives, les vaisseaux se trouvent très-resserrés, & où d’ailleurs il est toujours à craindre, & dans l’obligation où l’on est communément d’exposer l’animal à l’air, pour l’induire d’heure en heure à l’exercice modéré qui facilite l’évacuation désirée, que ce même air dont il n’est souvent pas assez garanti, ne lui occasionne, en le frappant, des maux dont il eût été exempt si on eût eu soin de le tenir plus couvert ? A-t-on pensé que dans les chaleurs extrêmes où les déperditions étant plus considérables, il y a en quelque sorte, & pour l’ordinaire, sécheresse des entrailles & même de tout le corps, on devroit être très-réservé sur l’emploi de ces médicamens ? L’application qu’on en a faite a-t-elle été constamment juste & bien réfléchie ? N’a-t-on point troublé la nature, & N’a-t-on point mis obstacle à ses vues, en suspendant, par cette évacuation, d’autres évacuations qu’elle préparoit ? A-t-on considéré les dangers que l’on pouvoit courir lorsque l’estomac se trouve foible ou enflammé, & lorsqu’il s’agit de fièvres aiguës, de mouvemens violens du sang, de tranchées sanguines, & de ce feu caché dont les intestins de l’animal sont quelquefois embrasés sans aucun signe extérieur ? Les purgatifs violens n’ont-ils pas été préférés à des purgatifs moins actifs dans des affections de la poitrine, dans la toux, dans la fourbure, dans des maladies cutanées produites par une véritable acrimonie, & où ceux-ci, en dégageant les intestins, auroient adouci les liqueurs, ou du moins n’auroient pas augmenté les irritations ? Dans de certains cas de chaleur violente, d’ardeur & de fièvre, s’est-on déterminé pour ceux qui pouvoient matter le mouvement intestin du sang & l’effervescence de la bile, tels que ceux dans lesquels on fait entrer les sels d’epsom, de fedlitz, le sel végétal, la crème de tartre, & que l’on donne dans des décoctions de plantes acides ? A-t-on distingué ceux qu’il convenoit plutôt d’employer dans la circonstance de l’épaississement des humeurs & de l’engorgement des vaisseaux, dans celles où il importe de secouer le genre nerveux ? & lorsqu’il s’est agi d’animaux en qui le système des parties nerveuses étoit dispolé à des mouvemens irréguliers, a-t-on considéré la nécessité où l’on étoit de donner les purgatifs en grands lavages ? Enfin, toutes les fois qu’on a eu recours à ces remèdes, l’estomac & les intestins contenoient-ils des matières qu’il étoit essentiel d’expulser ? Au défaut de ces matières,