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maxillaires, d’où la bave est portée avec la salive dans la bouche ; 6o. enfin en recevant ces blessures aux yeux, au nez, aux sinus frontaux, d’où l’humeur est portée par les arrières-narines au gosier ».

Il faut observer que la rage communiquée par l’infection de la salive, se développe plus promptement que la rage communiquée par le sang, & que le nombre & la véhémence des symptômes varie beaucoup, selon la quantité & l’activité du venin reçu.

C’est dans la bave de l’animal enragé, qu’est renfermé le venin de la rage. Elle est composée de deux parties ; savoir, d’une fixe, qui est cette salive écumeuse & gluante qui tombe sous les sens, & d’une autre partie qui est volatile & qui s’évapore aisément. Il ne faut pas croire que le venin introduit dans le corps, puisse y rester des années entières pour exciter la rage. Il est vrai qu’il a besoin d’une certaine coction ou préparation pour produire cet effet. Il faut qu’il fermente dans le sang, & qu’il l’infecte ; mais pour cela il ne faut pas un si long espace de temps. On a vu la rage se développer au bout de trois jours, de trois semaines dans les uns, & de deux ou trois mois dans les autres : d’après cela une personne mordue ne doit pas négliger de mettre en usage les différens remèdes qui peuvent la préserver de la rage. Si cependant il ne reste aucun symptôme de cette maladie, après avoir pris pendant les quarante jours qui suivent l’instant ou il a été mordu, les remèdes convenables, il y a lieu de se croire à l’abri de tout danger. Ou appliquera un cautère sur l’endroit de la morsure ; on laissera la plaie longtemps ouverte, & on scarifiera les bords, s’ils sont calleux.

Outre les profondes scarifications, on séparera & on amputera les chairs de la plaie & des environs. Les allemands prescrivent encore de brûler la plaie, & de la couvrir avec un emplâtre vésicatoire, fortement saupoudré de mouches cantharides. Un médecin hollandois y faisoit appliquer des harengs salés ; Boerhave approuve beaucoup cette application. Vandrereren recommande beaucoup le vinaigre.

La saignée & les autres évacuans laxatifs & antiphlogistiques, peuvent beaucoup soulager les malades ; il faut les faire boire abondamment, sur-tout lorsque l’horreur de l’eau n’est pas encore déclarée.

Comme il existe, dans le commencement de cette maladie, & lorsqu’elle est déclarée, un état de congestion, une tension inflammatoire dans la poitrine & la gorge, la sensibilité des malades est extrême ; il faut alors combattre cet état nerveux par des remèdes calmans & antispasmodiques, & donner le musc & le camphre, en commençant par de petites doses, & en les portant au plus haut point, avec d’autant plus de fondement, que les malades supportent les plus fortes doses des remèdes les plus énergiques. Il est avantageux de jeter le malade dans un état d’engourdissement & d’insensibilité, à l’aide duquel on peut lui faire prendre des bains, auxquels il se refuseroit. D’après cette observation, on ne sauroit recommander assez long-temps l’usage assidu de la valériane, du camphre & de l’opium. Neugans a