Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/611

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hauteur de six à dix pieds. À cet effet je choisis un pied de la courge nommée citrouille, & de la plus grosse espèce, & un pied de la courge longue ; tous deux furent élevés sur des arbres différens, & les tiges soutenues contre les troncs avec des rognures de chapeaux afin de ne point les endommager. Dès que les tiges & leurs ramifications eurent atteint les branches, il fut inutile de les soutenir ; leurs feuilles servirent de point d’appui, & les vrilles des courges longues s’attachèrent fortement aux branches. La même chose arrive, & d’une manière bien plus marquée, à la courge nommée calebasse ou courge de pèlerin. Celle-ci réussit très-mal ou point du tout si elle n’est soutenue, si on ne la fait point grimper. Il résulta de mes expériences que les citrouilles furent moins grosses que celles que j’avois plantées pour pièce de comparaison, & qui rampoient sur terre ; elles mûrirent moins vite & moins parfaitement. Les fruits de la courge longue s’allongèrent beaucoup plus que ceux des courges qui rampoient, & mûrirent presqu’aussitôt. Ce n’est pas surprenant ; cette espèce est plus précoce que les autres qui restent en terre jusqu’à la mi-novembre, suivant les climats. Rien n’étoit plus plaisant que de voir ces arbres chargés de ces fruits monstrueux. Des melons semés dans les trous ou ventouses d’une terrasse parfaitement au midi, & à cinq pieds au dessus du sol y réussirent à merveille, & leurs tiges & leurs fruits pendans, produisoient un joli effet ; les melons furent excellens. Je crois devoir prévenir que c’est dans le bas-Languedoc que j’ai fait ces expériences ; &, j’y ai toujours observé que la renouée, malgré tous mes soins, a souffert, dès que j’ai voulu changer la direction horizontale de ses tiges en perpendiculaire. C’est par cette variété infinie de formes & de couleurs dans les plantes & dans les arbres, que la campagne a des attraits si puissans sur l’homme qui fait observer, & dont les plaisirs sont naturels & innocens. Il y a plus d’hommes rampans dans les villes, que de plantes rampantes dans nos champs.


RANCIDITÉ. Mauvaise qualité qu’acquièrent les beurres, les huiles, les graisses & les noyaux ; elle est due à la réaction de l’huile essentielle sur l’huile grasse, qui s’exécute à mesure que ces substances perdent leur air fixe ou air de combinaison, & par la réaction de l’huile essentielle sur l’autre partie huileuse ou graisseuse. (Consultez l’article Huile)


RAPÉ. Ce mot a plusieurs acceptions relatives au vin. Dans le premier sens, c’est remplir une futaille avec les grappes & les grains de raisins, & on la remplit ensuite avec du vin. Par la seconde acception, on entend, placer des copeaux de bois dans une futaille remplie de vin afin de l’éclaircir promptement. Détaillons ces deux opérations.

Rapé de grappes & de grains. On doit choisir les raisins les mieux conservés, les plus mûrs, & ceux qui sont reconnus pour être les plus doux, c’est à dire, pour contenir la plus grande quantité de parties sucrées, & par conséquent susceptibles de produire plus d’esprit ardent par la fermentation vineuse. (Consultez ce mot) Je ne conçois pas pourquoi on a l’habitude d’y ajou-