Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/622

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on fait cuire en consistance de sirop, on retire le vaisseau du feu, on laisse refroidir, on mêle le tout ensemble.

Si on désire faire du ratafiat avec les amandes des noyaux d’abricots, car le bois est à rejeter, il convient de jeter ces amandes dans l’eau chaude, de les y laisser pendant quelques minutes, afin de pouvoir facilement enlever leurs écorces. On fait ensuite sécher promptement les amandes dépouillées ; enfin on en jette une certaine quantité dans des bouteilles que l’on remplit d’eau-de-vie, &c.


RATE, Médecine Rurale. Viscère d’une couleur bleuâtre tirant sur le rouge, d’une consistance mollasse & facile à s’étendre, d’une figure ovale un peu alongée, longue environ de sept à huit travers de doigt, & large de quatre ou cinq.

La rate est placée obliquement dans l’hypocondre gauche, entre la grosse extrémité de l’estomac & les fausses côtes voisines, sous le bord voisin du diaphragme & sur le rein gauche. Cependant dans quelques sujets on a trouvé la rate dans l’hypocondre droit. Riolan est garant de ce fait, & Guy-patin raconte aussi qu’un voleur qui fut roué à Paris en 1650, avoit le foie du côté gauche & la rate du côté droit ; ce qui fut démontré par l’ouverture de son cadavre. La rate est ordinairement seule : quelquefois cependant on en a trouvé deux & même trois : dans certains sujets elle manque naturellement, s’il faut en croire Houiller & du Laurens. La rate n’est pas un viscère essentiel à la vie ; elle a été enlevée à plusieurs hommes, qui ont vécu très-long temps après.

M. Deubeni Turbenile, docteur en médecine, en rapporte un exemple dans les journaux d’Allemagne. Un boucher, nommé Panter, s’ouvrit le ventre par le désespoir où le jetoit le dérangement de ses affaires : la plaie fut d’abord négligée ; enfin un chirurgien enleva la rate. Il ajoute que le malade parfaitement guéri, a vécu long-temps en bonne santé.

On a beaucoup disputé sur l’usage de la rate ; & les auteurs sont encore bien indécis sur cet objet. Les uns pensent qu’elle fait l’office d’un poids propre à entretenir l’équilibre, & d’autres croient que c’est une des superfluités de la nature ; & ils se fondent sur ce que les chiens auxquels on l’a enlevée, sont plus éveillés & plus affamés qu’auparavant, & sur ce proverbe que, pour faire un bon coureur, il faut lui ôter la rate : mais une masse aussi considérable dans le bas-ventre, & composée d’artères, de veines, de nerf, & de beaucoup de vaisseaux lymphatiques, ne doit-elle point servir à quelque fonction ? Il faut croire que le Créateur en auroit privé l’homme si elle lui avoit été inutile : nécessairement elle doit concourir à la formation de la bile, comme un organe auxiliaire. Il est certain que la bile coule en moindre quantité dans l’estomac des animaux auxquels on l’a enlevée, qu’elle n’a plus sa couleur jaune, ni sa fluidité naturelle. Il est donc évident que le foie & la rate dépendent mutuellement l’un de l’autre, & que le soie & la bile ont besoin du sang de la rate, qui est très-fluide & abondant en lymphe & en sérosité.

Enfin il est vraisemblable, comme le dit fort bien de Haller, que la rate étant construite comme tous