tures d’osier qui les assujettissent les uns aux autres, de manière que la totalité représente un cône. Autour de ces piquets, & de l’un à l’autre, on assujettit une chaîne de paille, & à mesure que l’on place ces chaînes ou tresses, on les serre près les unes des autres afin de ne laisser aucun vide ; on obtient enfin une hutte forte & solide en paille ; ces tresses de paille sont placées les unes sur les autres à mesure qu’on remplit la hutte de raves & de navets, & les dernières tresses servent seulement à terminer l’enveloppe ; cette méthode est suffisante tant qu’il ne gèle pas, mais dès que l’on appréhende le froid, on entoure la hutte, & sur toute sa hauteur, de 15 à 16 pouces de terre que l’on bat fortement à mesure qu’on l’élève. Dans cet état, on prendroit cette hutte pour un fourneau à faire du charbon de bois. Lorsque toute l’opération est finie, on bat de nouveau, & tout autour de la hutte, le terrain afin de le rendre plus solide & moins perméable à l’eau ; on l’incline en manière de rigole bien battue, elle règne tout autour & l’eau s’écoule comme dans une rigole à l’extérieur & vers la partie la plus basse. Cette méthode est à préférer à la première, parce que dans aucun cas on ne craint pas que l’humidité extérieure se communique à l’intérieur & fasse pourrir les raves. En construisant la hutte, & en plaçant les tresses de paille, on a eu soin de laisser dans le bas une partie vide à la hauteur de deux pieds, sur dix-huit pouces de hauteur ; c’est une ouverture par laquelle on tire les raves de l’entrepôt, lorsqu’on en a besoin. Cette ouverture a la porte mobile, formée de deux piquets garnis de tresses de paille, qui s’adapte exactement contre l’ouverture & qui est également recouverte de terre pendant les gelées ; il faut que le froid soit très-rigoureux pour pénétrer dans l’intérieur.
Ces deux méthodes ne doivent être suivies qu’autant que dans une métairie on n’a pas quelque hangard ou cellier propres à remiser les raves ; car il n’y a point d’économie pour la voiture, puisque tôt ou tard il faut transporter à la ferme les raves, soit en totalité, soit en partie. Si on craint que la rigueur du froid pénètre dans le cellier, on doit couvrir les racines avec suffisante quantité de paille, & encore mieux avec la balle du blé ou de l’avoine ; enfin si le froid devient trop rigoureux, il est absolument essentiel de les descendre dans la cave & de les y laisser tant que l’on redoute l’âpreté de la saison.
La culture des navets, proprement dits, destinés aux usages de la cuisine, est la même que celle des grosses raves & des gros navets ; il n’est pas nécessaire de labourer aussi profondément, puisque la racine ne pivote pas à plus de six pouces, & chaque plante demande à être plus rapprochée de ses voisines, attendu qu’elle n’a guères plus d’un pouce de diamètre, & que ses feuilles ont peu d’étendue ; cette espèce monte plus vîte en graine que les autres. Si dans l’automne la chaleur se soutient, si on laisse trop long-temps la plante en terre, elle se dispose à monter en graine ; il faut donc l’enlever avant cet instant. Aussitôt qu’elle montre la plus légère disposition à s’élever, à monter, la racine souffre beaucoup, c’est-à-dire, devient creuse