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que l’on peut facilement arroser ; son port est pittoresque & agréable.


RELÂCHEMENT. Médecine Rurale. État contre nature déterminé par la foiblesse des solides ; on connoît cette affection à la difficulté, souvent même à l’impuissance qu’on ressent peu à peu à remuer les muscles qui mettent tout le corps en action. Le relâchement qui survient dans les maladies aiguës doit être considéré sous un autre point de vue, & bien loin d’être regardé comme une maladie, il est au contraire d’un très-bon augure pour les malades. Il est presque toujours l’annonce d’un prochain rétablissement par la diminution ou la cessation des symptômes graves qu’il excite : il est toujours l’effet salutaire d’une crise de la nature, tandis que l’autre peut être occasionné par une infinité de causes, telles que l’abus des six choses non naturelles, le fréquent usage du coït, un exercice immodéré, l’exposition à un air froid & humide, les sueurs excessives, l’excès du vin & des liqueurs fortes, un sommeil trop long, une vie trop molle & trop oisive, un usage assidu des narcotiques ; enfin une surabondance d’humeurs lymphatiques dans la masse du sang, & les épanchemens qui peuvent survenir dans quelques cavités du corps. Les personnes goutteuses & scorbutiques sont très-sujettes à cette maladie, parce que chez elles le suc nerveux qui occupe les ganglions des nerfs, ou la moelle épinière, a perdu sa qualité naturelle, & devenu croupissant par son séjour, il empêche les nerfs de distribuer librement les esprits dans les muscles.

Il est quelquefois très-difficile de guérir cette maladie. Elle ne se prête pas souvent aux vues du médecin qui veut la combattre : elle dure des années entières, & même toute la vie ; tantôt elle revient par intervalles, souvent ses paroxismes diminuent, & reprennent quelque temps après avec plus de violence. Alors il est à craindre qu’elle ne dégénère en paralysie vraie, en contraction des membres, &c.

Pour traiter cette maladie avec succès, on ne doit pas perdre de vue la cause qui l’a déterminée ; on opposera au relâchement, par cause d’intempérance, la sobriété, le repos, l’usage des alimens doux, & de bonne digestion : on prescrira le suc des plantes antiscorbutiques, à ceux qui auront le relâchement causé par le vice scorbutique.

En général on insistera sur les frictions sèches, qu’on répétera plusieurs fois dans le jour ; il n’y a pas de remède plus propre à redonner aux solides le ton médiocre & constant dont ils ont besoin pour reprendre l’ordre de leurs fonctions ; on frottera encore l’épine du dos, & les ganglions des nerfs, avec les aromatiques ou avec les échauffans, combinés avec l’alkali volatil fluor.

L’équitation, la gestation, un exercice modéré à l’air libre, le quinquina, les martiaux, les eaux minérales gazeuses, sont des remèdes très-salutaires, & qui doivent être employés pendant un assez long-temps, pour parvenir à la guérison complète de cette maladie : le bon vin vieux, l’infusion de certaines substances amères, telles que la racine de gentiane, d’aulnée, de petit chêne, les bouillons frais, auxquels on peut ajouter douze à quinze grains de tartre calibé, ont