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temps & exclusivement ; mais la soif de l’or tenta les Bostangis, ils se laissèrent séduire par les ambassadeurs qui envoyèrent des griffes de renoncules à leur cour, &c plusieurs riches négocians de Constantinople à leurs amis. Marseille en devint le premier dépôt, & M. de Malcaval s’attacha à leur culture ; c’est ainsi que les renoncules ont voyagé de proche en proche, & les amateurs en ont multiplié par les semis les variétés à l’infini. Le patient & laborieux Hollandois en a fait une branche de commerce, ainsi que des autres fleurs.


De la culture des Renoncules.

On distingue trois sortes de renoncules de jardin, la simple, la semi-double & la double. La simple n’est composée que de cinq feuilles diversement colorées, & dont les pétales sont beaucoup plus amples & plus variés que ceux de la renoncule des champs ; c’est la plante la moins éloignée de son premier type. La semi-double, que certains amateurs préfèrent à la double, commence à perdre quelques-unes de ses étamines qui se convertissent en pétales, de manière que plus elle prend de pétales & moins il reste de parties de la génération. Quand la semi-double est de qualité requise, c’est-à-dire, quand la forme de ses pétales & leurs couleurs annoncent que la semence produira des fleurs encore plus belles, l’amateur la laisse grainer, & se sert de cette graine pour les semis. La double est un vrai monstre, un être privé de parties de la génération ; Les étamines & les pistils ont tous été convertis en pétales ou feuilles de la fleur ; de cette soustraction ou métamorphose, il résulte qu’on ne peut multiplier l’espèce par la semence ; mais la racine nommée griffe, produit des griffes secondaires, & la griffe qui a porté fleur périt. On ne trouve à sa place, quand toute la plante est desséchée & lorsqu’on la retire de terre, qu’un cadavre pourri.


1. De la terre qui convient aux Renoncules.

La plupart des fleuristes attachent une grande importance à la composition de la terre destinée aux renoncules, & chacun fait une recette particulière qu’il dit être supérieure à toutes les recettes connues ; mais sans s’amuser à des combinaisons longues, coûteuses & pas meilleures les unes que les autres, la base fondamentale se réduit à ceci. Ayez une terre très-légere, très-substancielle, & vous aurez celle qui convient aux renoncules ; la meilleure pour base est celle d’un jardin potager cultivé, & bien cultivé depuis longues années ; comme chaque fois que l’on en refait une planche, on l’enrichit de fumier, cette terre devient à la longue une espèce de terreau. Si à cette base on ajoute en quantité proportionnée le terreau qu’on tire des couches ruinées, on l’enrichira encore ; mais comme le fumier & par conséquent les couches sont très rares dans les provinces, on peut se procurer avec un lit de fumier, un lit de feuilles d’arbres ou d’herbage quelconque, & un lit de cette terre, un terreau très-bon ; ayant de l’employer tout doit être parfaitement consommé. Si on l’arrose une fois ou deux avec du jus de fumier, il deviendra encore plus actif. Il