Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/689

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lymphe nervale : enfin il est des cas où l’on n’attend de ces médicamens qu’une évacuation salutaire ; tel est celui dans lequel on se voit contraint de rappeler une suppuration indûment supprimée, ce qui arrive quelquefois, eu égard à certaines affections cutanées, aux crevasses, aux malandres, au farcin, &c. (Voyez ces mots) Tels sont de plus les catarrhes, les maux d’yeux ; mais ici le séton est à préférer aux rétoires, & même aux cautères que nous pratiquons très-peu, attendu qu’il nous est beaucoup plus commode d’entretenir la suppuration par des mèches que par les corps étrangers, qu’on est dans l’obligation de tenir dans ces mêmes cautères, & qui peuvent être facilement dérangés.

On doit bannir, au surplus, les rétoires, dans les cas d’inflammation, d’éréthisme, de crispation, soit universelle, soit particulière ; dans le premier, la fièvre & l’incendie augmenteroient, tandis que dans le second, la mortification feroit à craindre. M. T.


REVERS DES FEUILLES. C’est la partie qui regarde la terre. Mais pourquoi cette partie dans toutes les feuilles des arbres, des arbrisseaux & des plantes, est-elle d’une couleur, je dirai même d’une constitution différente de la partie supérieure ? La nature n’a jamais rien fait en vain, & jusque dans les plus petits objets, elle a un but particulier qui concourt au bien général, & qui manifeste les merveilles de la création. Il faut relire en entier l’article Feuille, & l’on verra le grand rôle que jouent le revers des feuilles, ainsi que leur surface supérieure.


REVERDIR (ou devenir vert une seconde fois). Dans certaines circonstances, des arbres poussent de nouvelles feuilles ou de nouvelles fleurs, c’est un signe de souffrance ; par exemple, si une sécheresse forte, soutenue, & encore augmentée par la chaleur, dissipe l’humidité & empêche en grande partie la sève de monter des racines aux branches, il est clair que ce peu de sève ne peut plus entretenir la sinovie des articulations formée à la réunion du pétiole & de la branche. (Consultez ce mot) Cette sinovie desséchée, les mamelons qui forment l’articulation se dessèchent à leur tour & occupent moins d’espace, dès-lors ils se déboîtent & la feuille tombe. Dans le cas supposé, il est clair que l’humidité que les feuilles absorbent de l’atmosphère, est en petite quantité, & n’est pas susceptible de les nourrir sans le concours de la sève ; il faut donc qu’elles tombent. Le bouton toujours placé à la base du pétiole, & dont la feuille étoit la nourrice, périt si la sécheresse a lieu au printemps ; il se développe au contraire après la première pluie, lorsque la sécheresse a été tardive. Ce bouton devoit naturellement ne feuiller & ne fleurir que l’année d’après, mais dans le cas présent, il s’épanouit parce que la pluie a redonné de l’activité à la sève, & cette sève agit, comme au premier printemps, sur des boutons qui se trouvent assez formés pour s’épanouir. Cette manière de reverdir est forcée & nuit beaucoup à l’arbre, puisqu’une partie de ses boutons destinés à pousser l’année suivante, dévance l’époque de leur développement & prive l’arbre de ses ressources futures. Les vieux arbres sont beaucoup plus sujets que les