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ture en équilibre avec celle du dessous. La fraîcheur paroît à une certaine hauteur, condense les vapeurs du bas, peu à peu elle descend, condense toujours, & finit par couvrir la terre de gouttelettes d’eau. Il en est ainsi peu avant le soleil du matin. Il chasse devant lui la fraîcheur, il la précipite sur la terre, mais plus forte que celle du soir, & parce qu’elle vient de plus haut, & parce que celle de la région inférieure s’est mise en équilibre pendant la nuit, elle précipite le reste des vapeurs que celle-ci contenoit encore.

Chaque localité, chaque état de l’atmosphère apporte des modifications à ce mécanisme. Par exemple, dans les vallons, près des ruisseaux & des rivières, des marais, &c. la rosée y est toujours très-forte, parce qu’il y a beaucoup d’humidité dans le sol, & par conséquent dans l’atmosphère ; elle est même si grande quelquefois, qu’il est très-commun d’y voir le matin & le soir un léger brouillard s’élever & ramper à la hauteur de quelques pieds seulement, sur toute la superficie du vallon & de la plaine. C’est à l’éloignement de cette grande humidité qu’on doit attribuer le peu de rosée qui tombe sur les montagnes, sur les terrains incultes ou sablonneux, &c.

Les rosées ne sont jamais aussi fortes sur les expositions au soleil levant qu’au soleil couchant. Supposons, pour que la parité soit complette, une rivière courant du nord au midi ; supposons que ses deux bords forment une petite plaine de chaque côté, & de chaque côté terminée par une colline assez élevée. L’expérience prouvera que sur toute la rive exposée au levant, on sentira peu de serein ou rosée ; que dans le plus fort de l’été on se promènera sur les bords de la rivière sans courir aucun événement, tandis que de l’autre, & au soleil couchant, on sera exposé aux fluxions, aux maux de dents, &c. La raison en est bien simple. La partie du levant n’est plus éclairée par le soleil, tandis que celle du couchant est brûlée par ses rayons, pendant quelques heures. Pour la première, la région moyenne est encore échauffée par les rayons qui dardent sur l’autre, & les vapeurs ont le temps de se dissiper & d’être entraînées dans la région supérieure. Pour la seconde, au contraire, le soleil se plonge tout à coup, & tout à coup la fraîcheur lui succède, & aussitôt la rosée retombe ; mais quelques heures après le coucher du soleil, ce second côté n’a plus rien à craindre, parce que toutes les vapeurs sont condensées, réduites en gouttelettes, & réunies aux plantes & à la terre.

L’état de l’atmosphère, toujours relativement aux positions & aux climats, sur-tout à l’intensité du vent, produit plus ou moins de rosée ; car tel vent assure la constance d’un ciel pur & serain dans un canton, tandis que dans un autre il traîne après lui l’humidité, la pluie & souvent les orages. Tant qu’ils sont impétueux ou forts, on ne voit point de rosée, ils la dissipent à mesure qu’elle se forme, soit pendant la nuit, soit pendant le jour ; mais si ce vent est contrebalancé par un autre vent, la rosée est très-forte. Si c’est pendant le milieu de l’été, on est presque assuré d’avoir bientôt la pluie, & l’on doit trembler qu’il ne survienne un orage.

La rosée monte sans discontinuité