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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/732

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plantes & sur la terre par la même cause, c’st-à-dire, par le passage du chaud au froid, par la condensation des vapeurs, dès que leur eau cesse d’être dissoute. La première est limpide, & elle laisse peu de résidu lorsqu’on la distille, sur-tout la rosée d’hiver ; la seconde au contraire donne un résidu gluant, huileux, & qui se corrompt facilement. La première ne contribue à la végétation que comme eau simple, absorbée en partie par les feuilles pendant la nuit ; la seconde rend aux plantes & à la terre une partie des principes qui s’en étoient élevés, le reste est dissipé dans le vague de l’air par la chaleur du jour. C’est à l’abondance de l’une & de l’autre rosée, qu’est due la végétation des arbres & des arbustes dans les provinces méridionales du royaume, ou souvent il ne pleut pas une seule fois pendant l’été, & où la terre est desséchée à plusieurs pieds de profondeur. Ces arbres restent verts, & comment conserveroient-ils leur fraîcheur, s’ils n’étoient pas abreuvés par cette rosée, & si la nature avoit privé les feuilles (consultez ce mot) de la faculté d’absorber l’humidité de l’air, & de la réunir au torrent de la sève ? C’est donc dans ces rosées absorbées pendant la nuit, & dont l’eau descend des feuilles aux branches, des branches au tronc, & du tronc aux racines, que s’établit le réservoir de la sève, & que l’arbre pendant le jour se défend contre la chaleur du soleil. Il n’en est pas ainsi des plantes à racines, courtes & fibreuses. Leur humidité se dissipe trop vite, elle est absorbée par la terre qui les environne, & leur peu de profondeur ne les défend pas assez contre une prompte évaporation.

Aussi ces plantes se dessèchent & périssent. Au contraire, dans nos provinces, soit du centre, soit du nord du royaume, les pluies y sont plus fréquentes, & les rosées moins abondantes. Cette assertion paroîtra un paradoxe, si on ne distingue pas deux espèces de rosées, & des rosées différentes, suivant les saisons. Dans les provinces du midi, c’est la rosée aérienne qui est très-abondante pendant l’été ; dans celle du nord, c’est la rosée terrestre, & c’est précisément le contraire pendant l’hiver, le printemps & l’automne.

La troisième rosée, & qui n’est pas plus rosée que la seconde, est occasionnée par la transpiration des plantes. Ainsi je l’appellerai rosée végétale. Elle existe quelquefois sans la première, & le plus souvent les deux se confondent ensemble. La rosée végétale sera sensible, si on renferme dans un petit appartement une plante dans un vase, & si la chaleur de cet appartement est moins forte pendant la nuit, que celle de l’air extérieur. Il a souvent été question dans le cours de cet Ouvrage de la transpiration des plantes ; mais il en sera parlé plus particulièrement dans cet article. (Consultez ce mot) Ainsi nous supposons ici cette assertion démontrée ; sans cette transpiration, qui est une véritable sueur, l’arbre & la plante périroient, puisque c’est par elle que s’exécutent toutes leurs sécrétions.


ROUANNE. Instrument dont les commis des aides & les marchands de vin se servent pour marquer la contenance des futailles, après qu’ils les ont jaugées, soit en traçant des cercles, des demi ou quarts de cer-