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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/734

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sur-tout de la toux, qui est toujours d’un très-mauvais augure : elle reconnoît presque toujours pour cause une partie du miasme qui a été reçu par les voies aériennes ; ce qui le prouve, c’est que dans la rougeole inoculée on ne l’observe presque jamais. Cette toux est beaucoup plus dangereuse lorsque la poitrine a été précédemment affectée. Il est à craindre qu’elle n’entraîne après elle l’inflammation du poumon, & une vomique dans la substance de ce viscère. Quelquefois il se déclare une inflammation à la gorge ; une terminaison aussi dangereuse caractérise toujours une rougeole d’une mauvaise nature, & fait beaucoup craindre une mort prochaine, sur-tout s’il survient une diarrhée excessive ; mais si la fièvre est forte & rebelle, elle dégénère en fièvre rémittente, en hectique & même en fièvre continue, aiguë, maligne, si on ne se hâte de l’arrêter par le quinquina & autres fébrifuges appropriés, ou bien elle laisse après elle des maux chroniques funestes, comme l’a très-bien observé Morton.

Lorsque la dépuration se fait d’une manière peu analogue aux efforts de la nature, la matière morbifique se jette sur divers organes, principalement sur les glandes, & y détermine des abcès. Home a vu la rougeole reproduite par la résorption d’un dépôt de matière morbilleuse qui s’étoit portée sur une glande.

Les principes généraux pour bien conduire les boutons de la rougeole, sont les mêmes que ceux que nous proposerons pour la petite vérole. On doit suivre la méthode naturelle de traitement qui convient à la fièvre continue aiguë, dont la crise & les excrétions naturelles sont parfaitement connues, sans perdre de vue les différentes complications subordonnées, qui peuvent se rencontrer : & pour l’usage des altérans il faut avoir égard à la dominance respective de la fièvre & aux besoins de l’éruption, suivre un juste milieu, c’est-à-dire, ne pas employer des remèdes trop rafraîchissans & calmans contre la fièvre, ni trop échauffans ou excitans pour l’éruption, mais faire en sorte que la première, bien gouvernée & bien ménagée, opère la résolution la plus avantageuse de la seconde. On doit observer ici que la saignée convient le plus souvent au commencement, sur-tout si c’est un adulte, ou qu’il y ait pléthore ou suppression d’évacuations habituelles.

Après la saignée, on doit porter son attention du côté des premières voies, & évacuer les mauvais sucs qu’elles peuvent contenir, par un émétique doux, mais assez actif, ou un purgatif. C’est ainsi qu’on s’oppose à une diarrhée colliquative qui surviendroit, & qu’on prévient bien d’autres, symptômes aussi fâcheux.

Il faut ensuite employer les diaphorétiques tempérés, au lieu des remèdes inactifs & rafraîchissans, qui, bien loin de favoriser l’éruption, la retardent. L’usage des sudorifiques forts seroit très-suspect, pour ne pas dire dangereux, en ce qu’ils pourroient déterminer une éruption intérieure, en énervant les viscères, & en facilitant par là une fonte d’humeurs dans leur parenchyme.

On combattra le spasme, les convulsions & autres symptômes nerveux, qui s’opposent au plein développement de la fièvre, qui doit faire éclore & résoudre l’éruption, par l’usage de l’opium dont la dose doit