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astringens & les pâles couleurs ; quelquefois utiles intérieurement & en parfum dans les fièvres intermittentes rebelles au kina ; dans l’épilepsie par la suppression du flux menstruel ; dans les espèces de maladies produites par les vers cucurbitins ou ascarides ou lumbricaux dans le rhumatisme par des humeurs séreuses ; dans les affections soporeuses par des humeurs pituiteuses ; dans la passion hystérique & l’affection hypocondriaque. Il est douteux si le suc exprimé des feuilles, & introduit dans l’œil à la dose de quelques gouttes, peut détruire les taches de la cornée ; si l’infusion de rue dans du vinaigre préserve des maladies contagieuses ; si l’application des feuilles récentes s’oppose à l’inflammation que produit la piqûre des abeilles, & aux progrès de la gangrène humide ; si la même application sur les mamelles, en répercute & dissipe le lait.

Intérieurement elle cause de la chaleur dans l’estomac & par tout le corps ; rarement elle procure des nausées, encore moins le vomissement. Elle irrite les bronches pulmonaires, sans contribuer à l’expectoration ; elle augmente la soif, & souvent l’appétit diminué par des humeurs pituiteuses ou séreuses.

Extérieurement elle n’enflamme point les tégumens ; le suc exprimé des feuilles introduit dans l’œil, l’irrite considérablement, & souvent y détermine une légère inflammation. L’huile de rue par infusion, recommandée en onction sur l’épine du dos, dans les affections convulsives & les affections paralytiques, n’est d’aucun secours ; à peine est-elle utile en lavement dans des coliques venteuses.

L’huile distillée de rhue ranime avec promptitude les forces vitales ; elle est même si âcre, si échauffante, que son usage est dangereux. Extérieurement elle peut être de quelqu’avantage, en onction sur les parties affectées de paralysie, par des humeurs séreuses, & sur le ventre dans les coliques venteuses. L’eau distillée des feuilles de rhue ne possède point les vertus de l’infusion des feuilles : elle est très-rarement utile dans la passion hystérique.


RUE DE CHÈVRE ou GALÉGA ; planche XL. Tournefort la place dans la seconde section de la dixième classe des herbes à fleurs de plusieurs pièces, irrégulières, en papillon, dont le pistil dévient une gousse longue & à une seule loge ; il la nomme Galega vulgaris floribus cæruleis. Von-Linné la classe dans la diadelphie décandrie, & l’appelle Galega officinalis.

Fleur, papilionacée, composée de quatre pétales. Le supérieur ou l’étendard B est grand, ovale, recourbé au sommet & des côtés. L’inférieur ou la carène C, oblongue, aplatie, droite, aiguë au sommet, & convexe en-dessous ; on a représenté en D un des pétales latéraux ou ailes oblongues avec une appendice : du fond du calice divisé en quatre parties, sort le pistil E, enveloppé comme dans un fourreau par les dix étamines F, réunies en faisceau.

Fruit. Quand la fleur est passée, le pistil devient une gousse G, longue, cylindrique, qui renferme depuis cinq jusqu’à douze graines H, en forme de rein, & oblongues.

Feuilles, ailées ; les folioles ovales ou en forme de lance, avec une échancrure au sommet ; au nombre de sept, quelquefois de neuf de cha-