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1. Amire-Joannet. Pyrus fructu parvo, pyri-formi, glabro citrino, prœcoci. Duh. C’est à peu près la poire la plus précoce. Son nom Joannet ne lui auroit-il pas été donné parce que sa maturité répond à la fête de Saint Jean-Baptiste. Le sommet des étamines des fleurs est d’un pourpre vifs ; les pétales plus plats, presque ovales, un peu pointus ; le fruit petit, plus gros que le suivant, d’une jolie forme de poire & régulière. Sa peau est très-lisse, d’un jaune citron, fort clair du côté de l’ombre, ordinairement d’un jaune moins lavé du côté du soleil ; sa chair blanche & tendre ; ses pépins petits, bruns & pointus.

Le bourgeon est gros, fort, long, droit, tiqueté ; le bouton très-petit, plat, appliqué sur la branche, son support est large & très-peu saillant.

La feuille est plate, un peu figurée en fer de lance ; sa longueur est du double de sa largeur, très-légèrement dentelée, soutenue par un pétiole de 15 à 20 lignes de longueur. On greffe ce poirier sur franc & sur coignassier.

2. Petit Muscat ou Sept en Gueule. Pyrus fructu minimo, prœcoci. (Voyez Planche I.) où le fruit & la fleur sont représentés de grandeur naturelle.

Ce poirier pousse vigoureusement, & devient un assez grand arbre. Il se greffe sur franc & sur coignassier.

Ses bourgeons sont gros, longs, droits, de couleur rouge-brun, tirant sur le violet, semés de petits points gris-blanc.

Ses boutons sont gros, un peu aplatis, pointus, un peu écartés de la branche, c’est-à-dire faisant avec elle un angle très-aigu, attachés à des supports larges & peu saillans.

Les feuilles sont petites, ovales, terminées en pointe longue, bordées de dents aiguës & très-petites ; la grosse nervure se plie en dessous, & l’extrémité de la feuille fait la gouttière.

Les fleurs ont des pétales très-creusés en cuilleron ; les échancrures du calice sont longues & très-étroites.

Les fruits viennent par bouquets ; sont très-petits, arrondis. Les uns ressemblent à une toupie, les autres imitent un peu la calebasse. Ils sont ordinairement aplatis du côté de la tête, & autour de l’œil, qui est très-saillant, il y a un peu d’enfoncement.

Sa peau est assez fine. Lorsque le fruit est mûr, elle est d’un vert jaunâtre du côté de l’ombre, rouge-brun du côté du soleil ; presque blanche & comme transparente du côté de la queue.

Sa chair demi-beurrée, d’un blanc un peu jaunâtre, n’est pas très-fine.[1] Son eau est d’un goût agréable, relevé & musqué.

    mérite, s’est livré à un genre de travail que je n’ai jamais été à portée de suivre, ainsi je préviens mes lecteurs que la description des espèces lui appartient toute entière, & qu’elle est tirée de son Traité des Arbres fruitiers. Il a tâché de rapprocher les espèces autant qu’il a été possible sans avoir égard au temps de leur maturité.

  1. M. de la Bretonnerie dit dans son excellent ouvrage intitulé, École des Jardins, que cette poire ne mérite guère de trouver place parmi nos meilleures poires, & qu’elle n’est estimé que pour sa primeur. Cet auteur a raison quand il s’agit du climat de Paris ; il n’en est pas ainsi dans les provinces méridionales, & sur-tout si on laisse mûrir ce fruit sur l’arbre, & si l’arbre est déjà vieux, son goût suave & musqué font oublier sa petitesse.