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arbre, dont le bois acquiert une prompte croissance & reste un des plus légers que l’on connoisse. Si les circonstances sont égales, il y a une grande différence dans la végétation d’un saule planté sur les bords d’un ruisseau dont l’eau est pure ou courante, ou d’un semblable saule planté sur le bord d’un ruisseau à eau dormante, & qui y croupit, parce que cette dernière eau contient plus d’air fixe & d’air inflammable (consultez l’article Air) qui pénètre par les racines de l’arbre & parce qu’elle en laisse échapper une grande partie qui est absorbée par les feuilles & augmente celle de la séve ; enfin l’arbre prend, par sa transpiration, le surplus de ces airs inutiles à la formation de sa charpente. Ces différentes espèces d’air constituent plus de la moitié de son poids, après qu’on a donné le temps à l’arbre coupé de se dessécher. Venons à sa culture.

Elle est bien simple. Après avoir fixé l’emplacement que les jeunes plants doivent occuper, on attend que les feuilles des saules soient tombées non par accident, par exemple par une gelée blanche trop hâtive, mais naturellement. On peut même commencer à planter à la Toussaint, & l’arbre planté avant l’hiver & de bonne heure, réussit beaucoup mieux que celui qui est mis en terre en mars ou avril, suivant le climat. Quoique cette assertion soit vraie, elle peut cependant souffrir quelque modification relativement au climat. Chacun doit étudier le sien & se régler en conséquence.

On choisit sur les saules les mieux venans, le nombre des sujets dont on a besoin, & ces sujets ne sont autre chose que les branches. Après les avoir émondés de leurs rameaux, on les réduit à la longueur de dix pieds. On appointe la partie inférieure en manière de trois-quarts, mais le plus large côté doit être recouvert de son écorce jusqu’à la plus fine pointe des trois-quarts. Pendant qu’un ouvrier prépare les sujets, un autre, armé d’une pince de fer, dont l’extrémité inférieure est pointue dans son bout, & renflée en forme de fer de lance un peu plus haut, ouvre les trous destinés à recevoir le plantard ; il les élargit autant par le bas que par le haut, & leur donne au moins deux pieds de profondeur. C’est dans ces trous que l’on plante la branche ou plantard, & qu’on l’y enfonce jusqu’à ce qu’on touche le fond ; alors avec de la terre fine on remplit les trous, ensuite avec la pince on serre la terre tout autour, en observant scrupuleusement de ne point endommager l’écorce. Si ces plantards ne reprennent pas, c’est que la partie d’écorce enterrée a été meurtrie pendant l’opération. Les bons cultivateurs font lever tout autour des plantards une ou deux pellées de terre qui sert à en butter le pied & forme naturellement un petit fossé. Cette arbre n’exige plus aucun soin jusqu’à la première coupe de ses branches qui aura lieu trois ou quatre ans après sa plantation. Il prend alors le nom de têtard, parce que c’est de sa tête que poussent les nouvelles branches. On peut, si on ne plante pas sur-le-champ les plantards, les lier paquet par paquets, & les placer le pied dans l’eau. Cette méthode est moins avantageuse que la précédente.

Un gros scarabée à écailles d’un verd doré & luisant, & les mouches menuisiers font beaucoup de mal