Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/219

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neuf une partie plus ou moins grande (tiers ou quart) de vieux tan, suivant qu’il conserve plus ou moins de qualité ; c’est-à-dire, qu’il est plus ou moins consommé. Au reste les tuyaux de chaleur pratiqués autour de la tannée, soutiennent & augmentent sa chaleur.

La couche ou tannée d’une serre se fait dans une fosse A, fig. I, première division, planche VII, page 197, dont tous les côtés sont soutenus par un mur fort étroit de briques ou de pierres qui puissent se bien joindre, prendre le mortier, résister au feu & a l’humidité. Sa longueur est a volonté, ordinairement égale à celle de la serre, moins 18 pouces ou deux pieds à chaque extrémité, espace nécessaire pour le passage. Sa largeur eut aussi être arbitraire ; cependant elle est fort étroite, la couche ne conservera pas long-temps sa chaleur ; si elle est fort large, la masse de tan étant considérable, elle soutiendra long-temps sa chaleur, mais il sera difficile d’atteindre & de soigner les plantes placées au milieu : ainsi on lui donne le plus communément six pieds de largeur. Sa profondeur ne doit pas être moindre de deux pieds & demi ; elle peut être de cinq ou six, pourvu que l’aire de la serre ait cette élévation au-dessus du sol, ou que le terrain ne soit pas humide. Dans la plûpart des serres, sa surface est de niveau à l’aire ; dans quelques-unes, comme fig. 2, seconde division, elle est plus ou moins élevée au-dessus.

Si cette fosse n’a que deux pieds demi-pied de fumier neuf sur lequel on mettra deux pieds & demi de tan, afin qu’il excède de six pouces les bords de la fosse, parce que la couche, après avoir jeté son premier feu, sera affaissée à-peu-près d’autant. Mais si la fosse avoit une grande profondeur, on garniroit le fond de matières grossières, cependant capables de fermentation, telles que des bourrées, du jonc marin, de la fougère, de la bruyère, &c. &c. On mettroit dessus une telle épaisseur de fumier préparé, foulé & marché de bout en bout, qu’il n’en restât environ que deux pieds ou deux pieds & demi de vide, & on couvriroit le fumier d’assez de tan, non seulement pour remplir, mais encore pour excéder ce vide d’environ un pied, dont la couche pourra baisser. Il faut étendre le tan bien également avec la main ou un rateau, & ne le fouler que légèrement. Le fumier, s’il y en a une quantité considérable dans la couche, excite d’abord une grande fermentation ; pendant qu’elle dure, il seroit dangereux de plonger les pots dans la couche. Il faut remuer plusieurs fois & remanier le tan pour le décharger des vapeurs humides qu’il reçoit des fumiers ; souvent même il est nécessaire de renouveller l’air, tellement altéré par ces vapeurs, qu’il perd son ressort. Quelques bâtons fichés a 15 ou 18 pouces de profondeur dans le tan, en divers endroits de la couche, en étant retirés & aussitôt serrés dans la main, indiqueront le degré de chaleur. Un thermomètre plongé dans le tan à dix ou douze pouces, le marque plus exactement. Ces deux instrumens feront juger quand on pourra y en-